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Commémoration des maquis HOCHE et Danièle CASANOVA - Meillard

Prise de parole à la stèle de Chapillière, le 15 mai 2011

Daniel DUFOUR

 

Comme chaque année, ce matin, nous nous sommes rendus à la stèle des Champs, au fond de cette vallée du Douzenan où s'est implanté le premier maquis de l'Allier, le Camp Hoche au printemps 1943. Avec cette initiative, les Amis du Comité local de l'ANACR tiennent à conserver ce parcours car c'est là que bien souvent les témoins et les acteurs de ce moment  de l'histoire nous ont transmis sa mémoire.

Au nom de tous les plus jeunes je veux leur dire merci pour nous avoir accompagnés dans cet hommage et dans l'apprentissage de la vérité sur la guerre, la Résistance et la reconquête de la liberté avec la Libération.

Le parcours vers la stèle érigée en 1953 à l'occasion du dixième anniversaire de la création du Camp Hoche, était devenu trop difficile pour le plus anciens. Si elle avait le mérite de marquer le lieu d'implantation du maquis, elle reste bien à l'écart des regards dans la petite clairière de la Pièce Plate. C'est pourquoi, voila maintenant dix ans qu'a été prise la décision d'ériger cette nouvelle stèle réunissant la mémoire du Camp Hoche et du Maquis Danièle Casanova qui lui a succédé.

C'est en militant aux côtés des anciens Résistants, en ayant entendu et compris l'histoire au cours de notre jeunesse, que s'est forgé notre engagement et nos convictions au service du même idéal de paix, de liberté et de démocratie.

C'est aussi pour cela que nos cérémonies commémoratives n'appartiennent pas qu'au passé. En célébrant la mémoire des combattants de la Résistance, nous préservons pour aujourd'hui et pour  l'avenir l'idéal généreux, juste et humaniste de celles et ceux qui ont payé souvent au prix du sang leur engagement contre la barbarie nazie et la collaboration pétainiste.

Le camp Hoche s'était installé là dans un cadre propice à sa sécurité et à son approvisionnement. En l'initiant George Gavelle savait pouvoir compter sur le soutien local des familles paysannes. Les combattants étaient jeunes pour la plupart mais leur détermination était grande.

Aujourd'hui, dans quel état du monde a-t-on laissé leur héritage ? L'écart entre quelques riches toujours plus riches et la masse grandissante des plus pauvres se creuse tous les jours. La planète est mise à mal au nord comme au sud par la dictature des marchés financiers qui en accélère le pillage. Les sociétés sont mises à mal avec la montée de l'intolérance, de l'individualisme, et les survivances des idées racistes et xénophobes qui avaient conduit à l'holocauste. La couleur de peau ou la religion, tout comme la situation sociale deviennent prétextes à discrimination et exclusion. La précarité, l'isolement détruisent aussi surement les hommes que la guerre ; dans notre société en crise, chaque heure qui passe signe plus d'un suicide…  Le monde est truffé de foyers de guerres qui disent à peine leur nom : Afrique, Moyen Orient… Et ce n'est pas la liquidation d'un chef terroriste qui garantit la paix du monde.

Dans le même temps les grands acquis de la Libération avec la mise en place de l'essentiel du Programme du Conseil National de a Résistance se perdent sous les coups répétés des pouvoirs réactionnaires. Sécurité sociale, système de retraite par répartition, nationalisation des secteurs vitaux de l'économie avaient en leur temps permis la reconstruction du pays dévasté par cinq années de guerre. Les principes et les valeurs défendus par le CNR avaient refondé la démocratie moderne de notre pays. Ces principes et ces valeurs républicaines n'ont pas pris une ride, et c'est aussi pour les défendre et les promouvoir  que nous sommes si attachés au devoir de mémoire.

Si les jeunes d'aujourd'hui sont en quête des valeurs qui donnent un sens à la vie et constituent les fondements d'une société plus humaine et plus juste, toutes générations confondues nous devons les éclairer des valeurs de la Résistance.

Alors il nous faut nous souvenir du processus qui conduisit hier nazis et fascistes au pouvoir, il faut nous souvenir que le terreau fertile de toutes les peurs c'est aussi la misère, le chômage, les inégalités exacerbées, la perte du lien social et la désignation facile de l'autre, étranger générateur du mal ; hier c'était le juif, le tzigane ou le communiste… et aujourd'hui ?

Aujourd'hui il faut que la peur change de camp

La Résistance n'est pas née comme on voudrait le faire croire en 1941, ou pour certains encore plus tard. Elle n'a pas disparu le 8 mai 45 ; les valeurs portées par l'engagement des Résistants, celles qui justifient que nous nous obligions au devoir de mémoire ont porté les grandes avancées sociales de la libération, les luttes anticolonialistes et pour la paix entre les peuples ; elles irriguent tous les combats pour la liberté, les droits et la dignité des hommes ; elles font la force des hommes libres.

Si les "Amis de la Résistance" se mobilisent, c'est justement pour être fidèles à ses valeurs qui cimentent notre démocratie. Ils veulent qu'au travers de ce passé, distant de 70 ans mais encore si présent dans notre histoire, les jeunes puissent comprendre les évènements actuels. Les motivations d'alors sont révélatrices pour appréhender la réalité d'aujourd'hui.

Les "Amis de la Résistance" se considèrent comme les héritiers moraux de l'ANACR et de ceux qui l'ont faite. Cet héritage, auquel nous prétendons, nous crée des obligations : une exigence de mémoire et la nécessité de mettre en concordance les mots et les actes en prenant le relais des anciens qui nous quittent.

Le combat pour les droits de l'homme, pour la liberté, et pour la paix, lui, est de tous les instants.  

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