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20 juillet 2014, inauguration de la stèle de VILLARS (Noyant d'Allier)
La journée du 20 juillet en 4 minutes et 195 images, de Villars (Noyant), à La Vivère (Besson) et au Parc (Cressanges), ci-dessous... Â
 Inauguration en présence de  :
parmi 150 participants à une cérémonie pleine d'émotion pour inscrire dans la pierre l'idéal de liberté, de justice et de paix des combattants de la Résistance...   Prise de parole de l'ANACR, ferme de Villars (Noyant d'Allier) Vous êtes nombreux à avoir répondu à l'invitation du comité local Meillard-Le Montet et de la municipalité de Noyant, partenaires de cette initiative et je vous en remercie très chaleureusement. Je remercie tout particulièrement pour sa présence, Jean VILLATTE, résistant engagé dans le groupe Villechenon et seul survivant aujourd'hui des sept maquisards présents à Villars le 18 juillet 1944. Nous aurons aussi une pensée aujourd'hui pour Germaine LAFAY, décédée très récemment et qui attendait non sans impatience, de nous accompagner aujourd'hui. C'est l'histoire de la Résistance qui nous réunit à la ferme de Villars 70 ans après les événements de juillet 1944. C'est à la mémoire de ses combattants que nous devons l'hommage rendu aujourd'hui et qui restera marqué pour les temps et les générations futures par la pierre du monument que nous allons dévoiler tout à l'heure. N'est-il pas incongru d'élever, 70 ans après les faits, un monument à la mémoire de la Résistance ? La seule observation du monde et de l'actualité ensanglantée qu'elle accroche aux écrans du quotidien suffirait à justifier l'impérieuse nécessité qu'il y a, pour celles et ceux qui vivent avec l'espoir d'un monde de liberté, de justice et de paix, de rappeler sans cesse que c'est la mémoire vive des combats livrés hier à la barbarie qui dessine la perspective des « Jours Heureux », telle que les rédacteurs du programme du Conseil National de la Résistance avaient eu l'audace d'intituler leur œuvre. Pourquoi si tard ? Dès ses prémices et durant toute la guerre, la Résistance à l'occupant nazi et la lutte contre le régime collaborationniste de Pétain ont connu des organisations et des modalités d'actions très diverses dans leur origine, leur forme comme dans leur intensité. Une génération, puis deux, et maintenant trois ont passé. La première éleva les premiers monuments dans la première décennie d'après-guerre ; la stèle de Champs à Meillard en témoigne ; nous en comptons d'autres à Besson, Cressanges, Saint-Sornin, Châtillon ou Tronget. Elles jalonnent depuis plus de cinquante ans notre « Terre de Résistance ». Cette matérialisation des faits n'est jamais totalement aboutie. La mémoire s'incarne, elle est chose humaine, chaude, pleine d'émotions, nourrie des engagements et des convictions de celles et ceux qui la font vivre. La mémoire est chose humaine, elle souffre de l'usure du temps. Et si certains faits, événements, acteurs et lieux emblématiques trouvent aisément leur place dans l'histoire, d'autres peuvent sombrer dans l'oubli ou au mieux rester enfermés dans un petit cercle confidentiel. A l'origine, un constat C'est en travaillant avec un grand absent d'aujourd'hui, Robert FALLUT, résistant déporté qui nous a quittés l'an dernier, que j'avais rapproché deux événements du 18 juillet 1944. L'attaque du maquis Villechenon à la ferme de Villars et l'incendie qui s'en suivit d'une part et l'attaque du maquis Danièle Casanova entre Besson et Cressanges d'autre part. Les deux formations de la Résistance visées ne relevaient pas de la même organisation mais leurs assaillants étaient les mêmes, Milice et GMR de Pétain. Depuis des décennies la mémoire des combattants de Casanova victimes de l'attaque du 18 juillet était servie par l'hommage rendu chaque année à Besson (stèle Roger Bellien à La Vivère) et à Cressanges (stèle Marc Bonnot au Parc). L'attaque et l'incendie de la ferme de Villars n'avait pas suscité le même intérêt. Le fait que le Groupe Villechenon ait surtout opéré dans le nord-ouest du département, la réputation qui lui fut faite, ou le simple fait qu'aucune victime n'ait été à déplorer pourraient l'expliquer. Il ne s'agit pas pour nous aujourd'hui de « réparer un oubli », mais simplement de donner de la cohérence au travail de mémoire que nous conduisons sur le secteur de notre comité local de l'ANACR en matérialisant un « Itinéraire de Résistance au cœur du Bocage Bourbonnais ». C'est d'ailleurs le sens que nous avons voulu donner au monument que nous inaugurons aujourd'hui et dont l'image marque à la fois un cœur de bourbonnais fortement engagé dans la Résistance et les nombreuses interactions avec toutes les autres régions du département, un cœur de bourbonnais qui concentre et qui irradie à la fois… Si nous sommes ici ensemble, c'est bien qu'il s'est passé quelque chose. Des événements de 70 ans passés La nuit du 17 au 18 juillet 1944, Lucien Depresle, de garde au Camp Danièle Casanova à la lisière des bois près de Besson avait entendu passer des camions, beaucoup de camions… Soulagé de les entendre s'éloigner, il ne s'imaginait pas les voir revenir quelques heures plus tard. Il ne savait pas non plus que pendant ce temps les sbires de Pétain allaient assiéger la ferme de Villars et la brûler à défaut d'y trouver les Résistants qu'ils voulaient anéantir. De son côté, Jean VILLATTE, échappant à l'assaut de Villars avec six autres maquisards de Villechenon restés à la garde de quelques prisonniers après le départ de leur groupe la veille, ignorait que les combattants de Casanova allaient être à leur tour la cible des forces de Pétain. Jean VILLATTE et Lucien DEPRESLE que nous avons le plaisir d'avoir parmi nous aujourd'hui peuvent encore en témoigner. Après la ferme de Petit Champ à Vieure en juin, les combattants du groupe Villechenon s'étaient installés ici à Noyant, à la ferme de Villars aux confins nord des Côtes Matras... Ce groupe armé des M.U.R. associé aux services secrets anglais avec la présence de Nancy Wake (la « Souris Blanche »), était surtout présent dans le nord-ouest du département avant de participer avec d'autres à la libération de Montluçon. Dans leurs pérégrinations, les responsables du maquis Villechenon avaient repéré les qualités du site de Villars dominant la région, pour établir son campement début juillet 44. Le 6 juillet les maquisards prennent possession des lieux et s'installent sans trop de ménagement. Dans une campagne fort peu motorisée, les mouvements des véhicules sont vite suspects et l'attaque des forces de Pétain, milice et GMR, intervient au petit matin du 18 juillet alors que la plupart des Résistants avaient évacué la ferme la veille. Face à des centaines d'assaillants, les sept maquisards restés là pour garder quelques prisonniers ne peuvent faire face. Après avoir épuisé leurs munitions, la fuite est leur seul salut. Aucun d'entre eux ne sera blessé. Les forces de Pétain repartent avec quatre prisonniers pris parmi les habitants de Villars (Joseph et François Lafay, un ouvrier agricole et un autre voisin), passant par Noyant avant d'attaquer le maquis Casanova sur leur route du retour entre Cressanges et Besson... Le six juin 44 est passé par là avec le débarquement des Alliés en Normandie. Depuis des mois la progression des forces libératrices, par le Sud, l'Ouest et l'Est, encourage la Résistance Intérieure après l'élan unificateur du Conseil National de la Résistance. La mise en place du Camp Danièle Casanova en témoigne. Plus nombreux engagés dans la bataille, plus ostensiblement présents pour mobiliser la population, les Résistants multipliant les actions deviennent par là même plus vulnérables face à des forces, armée allemande ou forces de Pétain, de plus en plus agressives, sentant leur fin prochaine. Plus le temps passe et plus la vigilance s'impose face à des présentations s'affranchissant de la rigueur et de la vérité quand elles ne craignent plus guère la confrontation aux témoignages. L'instrumentalisation peu scrupuleuse de certains éléments sortis de leur contexte peut aussi participer à la révision de l'histoire, comme l'objet d'une polémique naissante l'a montré le mois dernier à propos du poids respectif du renseignement et de la Résistance armée dans le processus de libération. Il faut bien se garder d'établir ainsi des équations hasardeuses entre des objets si différents dans leur organisation et dans leur usage. Le renseignement a toujours eu son importance pour éclairer le sens de l'action et en garantir l'efficacité. Son organisation en réseau fonde son efficacité sur les individus et l'étanchéité de ses canaux. Mais il resterait bien dénué d'intérêt sans déboucher sur l'action des forces qu'il instruit. On retrouve les mêmes préoccupations dans l'organisation des « triangles » dirigeant l'action de propagande destinée à orienter le comportement des populations ou la Résistance armée. La clandestinité assurait une part de sécurité à ses acteurs, mais c'est au collectif en action qu'elle devait sa force et son efficacité, du petit nombre des partisans engagés dans les escarmouches, embuscades et harcèlement de la guérilla, au plus grand nombre des forces engagées au fur et à mesure que la perspective de libération se dessinait dans des opérations militaires d'envergure. C'est la dimension de l'action collective des clandestins et des légaux qui rendait la lutte armée efficace et utile au processus global de libération. Pour préalable utile qu'il soit, le renseignement n'a pas à entrer en concurrence avec l'action. La noblesse de la Résistance n'est pas dans la nature d'une mission mais bien plutôt dans l'objectif partagé de la victoire, de la reconquête de la démocratie et de la République, de la liberté et de la paix. Jean VILLATTE, présent parmi nous sur la ferme de Villars 70 ans après les événements, est le trait-d'union de la mémoire à l'histoire. Jean VILLATTE est avec nous aujourd'hui, comme Lucien DEPRESLE ou Roger VENUAT. Ces grands témoins acteurs de la Résistance se font rares ; le temps en a tant fauché qui portaient avec eux la connaissance de leur vie dans les événements de leur prime jeunesse. Nous sommes depuis longtemps déjà dans l'urgence de collecter et de conserver leur mémoire pour nourrir le travail de l'histoire, la confrontation des sources, la vérification, la reconstruction du récit historique, grand puzzle dont chacun de leur témoignage porte une petite pièce. En dévoilant le monument nous poserons un nouveau jalon sur le chemin  de la mémoire de cette Résistance populaire, ancrée dans la terre de France, dans notre terre bourbonnaise des paysans et des mineurs, notre terre de Résistance. Merci à tous nos anciens, témoins précieux et militants infatigables de la mémoire. Merci à tous mes camarades du comité local de l'ANACR qui s'investissent dans la réalisation de notre projet mémoriel, et tout spécialement dans la réalisation de l'exposition que vous découvrirez au Carreau de la Mine de Noyant tout-à -l'heure. Un Merci tout particulier à Michel HENRY pour sa réalisation du monument. Merci à la famille LAFAY pour le concours qu'elle nous a apporté. Merci à Séverine et Guillaume POTIER qui nous accueillent aujourd'hui sur la terre de Villars. Merci à la municipalité de Noyant engagée à nos côtés pour la réalisation et l'installation du monument. Merci aux porte-drapeaux témoignant de la présence à nos côtés des organisations amies. Merci à vous tous de nous accompagner dans cette démarche.  Daniel Levieux - Président du Comité Local de l'Anacr Meillard-Le Montet - Vice Président du Comité Départemental de l'ANACR  Trois grands témoins étaient présents ce 20 juillet 2014 à Villars (Noyant)
Prise de parole de l'ANACR, Le Parc (Cressanges) Au nom du Comité Local de l'ANACR, je tiens tout d'abord à vous remercier d'avoir répondu nombreux à notre invitation. Votre concours est important à la fois pour pérenniser nos manifestations et surtout pour initier au devoir de mémoire les plus jeunes générations qui devront bientôt prendre le relais comme nous l'avons déjà fait. Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer la mémoire de Marc Bonnot comme nous l'étions tout à l'heure à Besson en souvenir du sacrifice de Roger Bélien. Tous les deux combattants du maquis Danièle Casanova ont été victimes de l'attaque du 18 juillet 1944. Par-delà les circonstances de leur engagement et de leur fin tragique, c'est le sens de la Résistance qu'ils incarnaient que nous célébrons ici. 1940…1943…1944 ! Chaque jour qui passe fait passer l'idée de résistance à l'action. 1943… la victoire n'est pas encore là , mais ses prémices se dessinent sur le front de l'est comme en Afrique. La résistance intérieure ne peut qu'en être encouragée et l'établissement du Conseil National de la Résistance le 27 mai 43 en reconnait la contribution majeure à la lutte pour la libération. 1943-1944 : à l'échelle de l'histoire les quelques mois d'activité des camps Hoche et Danièle Casanova pourraient paraître de peu d'importance. Comme des milliers d'autres Marc Bonnot et Roger Bélien sont des maillons indispensables de la grande chaîne de la reconquête de la liberté et de la dignité en France. Ils témoignent de l'engagement progressiste depuis longtemps enraciné en terre bourbonnaise. Il fallait avoir un certain culot pour s'installer à deux pas du Vichy de Pétain et de sa milice. Avec le groupe formé par les communistes de Montluçon, lorsque le maquis Hoche s'est installé dans les bois près du village des Champs, Georges Bavay et Georges Gavelle savaient qu'ils pouvaient compter sur le soutien et l'engagement actif des familles pour leur ravitaillement comme pour grossir les rangs. Le maquis Hoche n'avait pas résisté à l'attaque du 25 septembre 43 en forêt des Colettes. Mais c'est bien de son expérience, de ses forces et de ses hommes que naîtra le maquis Danièle Casanova. Le 6 juin44, à la nouvelle du débarquement allié en Normandie, le responsable des groupes de résistants sédentaires du secteur les appelle tous à se rassembler et ce sont près de 200 maquisards qui vont se retrouver à la ferme de Moladier. Beaucoup trop nombreux pour une organisation efficace et sûre. Les moins exposés repartiront ne laissant que 80 combattants qui vont former le maquis Danièle Casanova dans les bois du château de Bost avec l'accueil bienveillant du Prince de Bourbon Parme. Quelques jours plus tard c'est à Renaudière que le camp s'installe, et c'est là que Lucien Depresle rejoindra ses camarades le 13 juillet à son retour de Saint Plaisir. Le lendemain, 14 juillet, Lucien va rester garder le camp avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson pour revenir à Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 44 c'est l'attaque de l'armée allemande stationnée à Saint Pourçain sur Sioule. Devant la supériorité numérique de l'ennemi les combattants du maquis décrochent et se dispersent. Lucien entraine alors un groupe d'au moins 40 de ses camarades par les bois. Traversant la route Treban-Saint Pourçain ils vont se cacher dans les bois de Peuron, à 400 m de la route Bresnay-Saint Pourçain pendant la journée du 16 juillet. Dans la nuit suivante, Georges et Louis Aurambout prennent la direction du groupe pour gagner Bost, sur la commune de Besson. Pendant cette journée du 16 juillet les allemands vont arrêter Emilien Denis, Alexandre Moret, Albert Batisse et Louis Deternes. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire. André Tauveron et Louis Bardon seront envoyés en Allemagne au titre du STO. Charles Auguste et Robert Thevenet seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d'être parmi les 300 qui furent libérés lors de l'évacuation de la prison par les allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchewald. André Fernand, malade et alité chez Emilien Denis à Renaudière, est également arrêté et depuis porté disparu. Le 18 juillet, vers une heure du matin, un convoi de camions passe à grand bruit sur la route Besson-Cressanges, avant de revenir vers 11 h. Les GMR et les miliciens encerclent les maquisards : bataille, décrochage, dispersion. Au cours du décrochage Marc Bonnot et Roger Bélien sont tués, Cuissinat et Roger Magnière sont blessés. En saluant leur mémoire nous célébrons le combat de tous ceux pour qui les valeurs de la République se payent au prix du sang. Nous mesurons difficilement aujourd'hui les difficultés, les peines et les risques qui accompagnaient chaque instant de l'engagement des résistants, qu'ils soient combattants armés de la clandestinité ou soutiens actifs dans la population. Leur combat fut victorieux, mais aucune victoire n'est jamais définitive. Alors il nous faut nous souvenir du processus qui conduisit hier nazis et fascistes au pouvoir, et la vigilance reste de mise. Anciens résistants, déportés, victimes de la barbarie, l'exemplarité de vos luttes et de vos sacrifices reste d'actualité. Celles et ceux qui ont animé les combats de la Résistance, celles et ceux qui les ont accompagnés dans leur lutte ne se sont pas trompé de combat. La paix, la tolérance, la justice, le respect et la dignité restent les biens les plus précieux de chaque homme et de tous les peuples qui aspirent à vivre libre. Ce sont ces valeurs que le sacrifice de Marc Bonnot, Roger Bélien et leurs camarades résistants nous enseignent. Souvenons-nous, mais aussi agissons, engageons nous, leur combat toujours d'actualité est aussi le nôtre. Travailler sur notre histoire, pour pouvoir comprendre le passé, appréhender le présent, construire et affronter l'avenir, telle est la volonté qui nous anime au sein de l'ANACR dans le respect des valeurs de la Résistance que le programme du Conseil National de la Résistance rendait si bien. De ce fait la commémoration d'aujourd'hui fait partie de l'exercice de vigilance citoyenne dans le combat pour les Droits de l'Homme, pour la Liberté et pour la Paix. Josiane CLUZEL - Secrétaire du Comité Local Meillard - Le Montet
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