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Hommage rendu à Jean-Marie LIVERNAIS


Nevers, le 9 décembre 2013

 

Jean-Marie nous réunit aujourd'hui ici pour que nous l'accompagnions au moment de nous quitter.

A Marguerite son épouse, à vous, ses fils et à toute votre  famille, à tous ses amis, je veux dire, au nom de mes camarades de l'ANACR combien nous partageons votre peine dans ce moment de deuil.

Ces quelques mots viennent ici pour vous dire combien Jean-Marie a compté dans notre petite société des héritiers de la Résistance. Pendant des années, il a pris une part déterminante dans son organisation et dans son fonctionnement en charge de la trésorerie. Tant qu'il a pu, Jean Marie a été une pièce maîtresse de notre association, un homme de conviction, un homme droit et courageux; mais trop modeste et discret eu égard à la valeur de son engagement.

Nous connaissons trop peu du parcours de Résistant de Jean-Marie pour en faire le plus juste récit ; mais je veux en partager quelques bribes avec vous aujourd'hui.

Ce n'est pas par hasard que Jean-Marie avait été appelé très tôt à occuper des fonctions d'organisation et de recrutement à l'échelle du département et de la région. Il avait choisi son camp, celui de la liberté et de la Résistance. Lieutenant FTP basé à Montluçon, il voyageait cependant beaucoup, le plus souvent en vélo, et jusqu'aux confins du Cantal et de la Haute-Loire du côté de Saint-Flour ou de Garabit…

Sur ses chemins il était une halte plus familière et plus proche, qu'il fréquentait nécessairement pour y rencontrer tous les responsables de la Résistance qui savaient trouver là le gite accueillant et sûr dont ils avaient besoin : c'était au Domaine Neuf.

Et c'est aussi là qu'il croisa une autre de ses raisons de vivre avec Marguerite.

Le 21 mars 44, alors qu'il était chez son oncle (le tailleur Campron), Jean-Marie avait échappé de justesse à la Rafle de Saint Pourçain…

De ses récits je me souviens aussi de l'organisation du camp Danièle Casanova avec Jean Ameurlain (autre « passager clandestin » au Domaine Neuf). Il avait justement demandé à Jean-Marie de rester avec lui en ces termes :

« Tu connais la région comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j'ai besoin de toi, je te réquisitionne ! »

C'était au moment du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, que leur responsable militaire appelait tous les FTP sédentaires à rejoindre le maquis…

Jean Marie avait tout de suite compris qu'il serait trop difficile et dangereux de conserver près de deux cents combattants groupés à Moladier  et il avait renvoyé chez eux ceux qui pouvaient encore vivre hors de la clandestinité. Ils restèrent quatre-vingt à entamer l'histoire du maquis Danièle Casanova que Jean-Marie ne partagea pas longtemps. Sitôt l'organisation du maquis achevée et  son installation faite à Renaudière, les contacts pris par ses soins pour en assurer le ravitaillement et après avoir repéré des positions de repli du côté de Messarges et Grosbois avec Jean Ameurlain, Jean-Marie rejoignit son poste à Montluçon le 15 juin 1944…

Jean-Marie, notre camarade, nous a quittés, en même temps que Mandela. La discrétion de l'un est à la mesure de la gloire de l'autre... Incomparables histoires que celles de ces deux-là me direz-vous ?
Pas tout à fait ; car je pense que le poème préféré de Mandela pouvait l'être aussi du Résistant qui n'avait pas tremblé quand ses convictions guidèrent son engagement contre l'occupant et ses valets serviles du pétainisme. Ils étaient bien sur la même planète d'une humanité à servir, d'un idéal de générosité, de liberté et de paix.

 

A Jean-Marie nous dédions ce poème des « Invincibles »

INVICTUS

Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Noires comme un puits où l'on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu'ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n'ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l'ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

(poème de  William Henley – 1875)

Aussi étroit soit le chemin de notre idéal, fut-il pavé de châtiments, nous en resterons maîtres.

Nous le devons à la mémoire de Jean-Marie pour poursuivre ensemble la construction du nouveau monde qu'il espérait.

Au-revoir Jean-Marie.

 

Lundi 9 décembre 2013

Daniel Levieux

Président du Comité Local de l'ANACR Meillard-Le Montet