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   Alexandre Kaczerginski nous a quittés le dimanche 10 avril 2016, à Vichy, entouré des siens. La disparition d'un Résistant, c'est bien sûr un grand vide. Alexandre nous manquera, particulièrement au sein de l'ANACR dont il présidait le comité de Vichy. Mais ses convictions, sa vigilance dans notre monde complexe, son inextinguible volonté d'agir et de réagir, ses valeurs fortes resteront pour nous comme une ligne de conduite à suivre, générations après générations.

   Né le 14 janvier 1928 à Nancy, Alexandre a connu une enfance heureuse, au sein d'une famille d'origine lituanienne, de culture juive, mais sans en observer le strict rituel. La guerre qui éclate en 1939 et le décès de son père Eli constituent un tournant important pour lui et sa famille. Olga, sa mère, doit vendre le magasin familial et se cacher pour ne pas subir la politique antisémite des nazis et du gouvernement de Pétain. Après avoir obtenu son certificat d'études, le jeune Alexandre entre à l'Ecole Nationale Professionnelle Technique d'Oyonnax. C'est là, alors qu'il n'a que seize ans et demi, qu'il rejoint la Résistance pour combattre l'ennemi plutôt que de subir la défaite et l'Occupation.

   "Résister, c'est savoir dire NON!" Tel était le message qu'Alexandre aimait à passer aux jeunes devant lesquels il a inlassablement témoigné. Dire NON devant la fatalité quand les Juifs sont la cible de persécutions programmées par les nazis et le gouvernement de Pétain. Le jeune Alexandre n'a pas hésité pour rejoindre les maquis de l'Ain, quitte à mourir, que ce soit les armes à la main! Cette détermination, Alexandre la faisait encore passer, des décennies plus tard, à ceux qui écoutaient son témoignage. A l'âge où l'on sort de l'enfance, Alexandre participait à des coups de main dangereux, déraillements de trains, embuscades contre des convois allemands. Comme ses camarades de combat, il a risqué sa vie lors de la terrible bataille de Méximieux, les 1er et 2 septembre 1944 durant laquelle une centaine de maquisards et une division d'infanterie américaine firent face à la 11ème Panzer Division, afin de retarder au maximum le repli des troupes allemandes vers le nord. Pour Alexandre, jeune Juif et Résistant, ce combat était à la vie à la mort, il en était pleinement conscient .Ses camarades, scouts et catholiques pour la plupart, livraient le même combat, avec le même objectif, refuser la défaite et vaincre l'idéologie nazie. Cette fraternité dans  la Résistance, Alexandre la cultivait aussi au sein de l'ANACR. En tant que Président du Comité de Vichy, il faisait entendre la voix de la tolérance, certes, mais surtout le refus de toute doctrine prônant la discrimination et le rejet de l'autre. Après la guerre, Alexandre a combattu le négationnisme, expliquant aux jeunes le danger de cette falsification de l'Histoire.

   NON au mensonge, mais aussi à l'oubli des événements qui ont fondé la France d'aujourd'hui, pays des Droits de l'Homme. Alexandre fut un "passeur de mémoire" infatigable, avec les autres "mousquetaires" de la région de Vichy. C'est toujours avec un plaisir évident et une force de conviction sans cesse renaissante qu'il a porté son histoire et son message dans les écoles, collèges et lycées de la région. Il était un membre vigilant du Comité Départemental du Concours de la Résistance et de la Déportation, son expérience et sa sagacité étaient précieuses lors de l'établissement des sujets ou la correction des travaux d'élèves.

   "Indignez-vous!"Cette injonction fameuse d'un autre grand Résistant, Stéphane Hessel, aurait pu être sa devise. L'indignation devant l'injustice et la tyrannie conduit à la Résistance. Ce sont les discriminations, les pillages, les tortures, les internements, les déportations, les exécutions commises par les nazis et leurs complices de la Milice ou de la police française qui ont convaincu Alexandre comme bien d'autres Français et Françaises d'agir au sein de réseaux ou de maquis. Par la suite, Alexandre fut prompt à s'indigner quand il lui semblait que l'Histoire était déformée dans un article de presse, une émission à la radio ou à la télévision. Il n'hésitait pas à en faire la remarque et à demander rectification. de même, il était soucieux du respect de la mémoire. Les cérémonies en sont un des vecteurs. Il en était un très fidèle participant et ne tolérait pas l'à-peu-près dans ce domaine, quitte à le faire remarquer sans ambages aux élus quelquefois négigents. Passeur de Mémoire, il en était aussi le gardien.

   Tout au long de son existence, Alexandre a vécu la diversité. Juif, il a mené son combat dans la Résistance auprès de catholiques et de communistes. Après la guerre il a quitté Lyon pour Casablanca où il aconnu et épousé "Reine Sultana Lévy", juive séfarade. De retour en France, il accomplira l'essentiel de sa carrière chez Sédiver à Saint-Yorre, cité ouvrière, où il prendra sa retraite en 1985. Il ne manquera jamais de s'y rendre notamment pour honorer le souvenir des fusillés de "la Goutte Grandval". Respecter les opinions de chacun, religieuses, politiques, philosophiques, tant qu'elles demeurent dans le cadre de l'esprit républicain émanant du Conseil National de la Résistance, voilà ce qui a guidé Alexandre dans l'accomplissement de sa mission d'Homme responsable et à la présidence de l'ANACR. C'est le message d'un citoyen à part entière, qui a défendu sa vie durant les valeurs de la République. Qu'il en soit sincèrement remercié ! 

Artcicle de presse et vidéo :

 

https://www.lamontagne.fr/vichy-03200/actualites/deces-d-alexandre-kaczerginski_11866635/

 et aussi

http://atelier-numerique.org/pupitre/anacr03/32807-comite-anacr03.htm

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