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Remise des Insignes de la Légion d'Honneur à Lucien Depresle, Meillard le 1er avril 2017

Discours du décoré


Jean-Claude, Mesdames, Messieurs, chers amis.

C'est une grande fierté pour moi, de recevoir aujourd'hui les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur de la République Française, cette distinction prestigieuse dont la devise résumée en deux mots « Honneur et Patrie » correspond si bien au combat de la Résistance.

Elle m'est accordée au titre de deux grands engagements, dans la Résistance tout d'abord, puis dans le monde associatif au service de la mémoire de la Résistance et de la déportation,

Dans un moment comme celui-là j'ai d'abord une pensée pour toute ma famille :

  • Pour ceux qui ne sont pas là, pour mon père, Francis, qui avait reçu ses insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur ici-même au mois de mai 1995…
  • Pour ma mère et ma sœur dont Jeanine vous a parlé tout à l'heure…
  • Pour mon épouse Colette, qui aurait aimé partager ce moment…
  • Mais aussi pour ceux qui sont là pour partager ce bon moment, pour mon frère avec tous les souvenirs de nos temps difficiles…
  • Pour mes enfants et petits-enfants qui m'entourent aujourd'hui et avec lesquels je peux partager ces moments de bonheur…

C'est aussi le moment du souvenir de tous mes camarades engagés dans la Résistance et qui sont disparus : les BERTHOMIER, les NEUVILLE, mon oncle Gilbert BIDET, BELIN ou GUICHON, Robert JOYON, Edmond CIVADE ou Francis MITTON, Jean Marie LIVERNAIS, Georges GAVELLE, les BAVAY, toutes les familles qui m'ont accueilli quand il fallait se mettre à l'abri, GODET, BOUDRIN, COGNET, MORGAND, AUBERGER, DESFORGES, les AUREMBOUX…

Je ne peux pas les citer tous au risque d'en oublier parmi celles et ceux avec qui j'ai lutté depuis le Camp HOCHE, le maquis CASANOVA et jusqu'à la libération du département et du pays.

C'est la même chose avec tous ceux qui après se sont engagés dans le travail de mémoire de la Résistance et de la Déportation. Avec la distinction qui m'est remise aujourd'hui c'est notre combat commun qui est honoré et aussi tout le travail de préservation et de partage de la mémoire qui se voit récompensé.

Enfin Je tiens à remercier très sincèrement celles et ceux qui ont œuvré pour la réussite de la démarche qui nous rassemble aujourd'hui, pour avoir su trouver les soutiens nécessaires, et pour toute l'organisation de cette cérémonie et de votre accueil autour d'elle. Ce sont celles et ceux des nouvelles générations qui ont pris le relais au service de la mémoire de la Résistance dans l'ANACR et que vous allez retrouver autour de Daniel tout à l'heure à la salle Lucienne Depresle. Sans eux nous ne serions pas là aujourd'hui. Merci à vous.

 

Jean-Claude Mairal vous a rappelé le parcours qui me vaut cette distinction. Je ne reviendrai pas là-dessus. Mais je peux vous assurer que c'est tout à fait naturellement que je me suis engagé avec mes parents paysans dans la ferme ou nous nous trouvons. La presse communiste et syndicale est à la maison ; mon père avait adhéré au Parti Communiste dès 1921, pour moi, ce sera 20 ans plus tard et je rejoindrais la Résistance au Front National de Lutte pour la Libération et l'Indépendance de la France animé par Pierre Villon, élu par la suite Député de notre circonscription.

Cette distinction pour mon engagement au profit du monde combattant, pour mon engagement dans la transmission de la mémoire, je la reçois comme une reconnaissance du devoir accompli :

  • Pour ne pas oublier ceux qui ont rétabli la République, la démocratie et la liberté au péril de leur vie il y a trois quarts de siècles.
  • Pour que ça ne recommence jamais, pour l'on puisse vivre en paix.
  • Pour faire connaître la réalité des faits, et rétablir la vérité quand des révisionnistes brouillent l'histoire, jusqu'à nier l'existence des crimes et des camps nazis…
  • Pour répondre au besoin de connaissance des jeunes générations, de la réalité des combats de la Résistance, de la réalité du nazisme, des complicités qu'ils ont trouvées dans notre pays, de la monstruosité des crimes qu'ils ont commis,

C'est indispensable. L'ignorance de l'histoire favorise le retour de ces idées funestes.

Car les racines du fascisme sont toujours là. Il ne faut jamais leur céder un pouce de terrain sinon ça repousse. Et je dois vous dire aujourd'hui que je suis très inquiet du retour d'une propagande raciste, xénophobe, anti immigrés, anti-progrès social, qui me renvoient aux années d'avant-guerre.

De ce point de vue plus que jamais, l'heure est à la RESISTANCE.

Mais je reste optimiste ; et c'est une très grande satisfaction pour moi de rencontrer les jeunes collégiens, les lycéens qui participent au Concours National de la Résistance et de la Déportation, ou qui viennent passer une journée aux Champs en « travaux pratiques » avec leurs professeurs. Nous l'avons encore fait à deux reprises mardi et jeudi dernier en recevant les collégiens d'Aigueperse…

Et je reste aussi optimiste, quand je vois le travail de notre Comité local de l'ANACR, sa vitalité, son enthousiasme et son esprit d'équipe.

Merci à vous.

Continuez de travailler pour la mémoire de la Résistance comme François DEMAEGT à celle de la Déportation, comme Roger VENUAT, André SEREZAT ou Robert FALLUT l'avaient si bien fait pendant tant d'années.

Avec vous la relève et l'héritage des valeurs de la Résistance sont assurés.

Je vous en remercie comme je remercie ceux qui, au nom de la République, m'ont fait l'honneur de cette distinction.