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Prise de parole - Meillard, le 13 mai 2018

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En nous retrouvant sur les terres de Meillard comme chaque année au printemps nous foulons les mêmes terres que la poignée de jeunes montluçonnais qui vinrent ici s'installer dans la clandestinité du maquis et engager la lutte armée contre l'occupant et les forces collaboratrices de Pétain.

Nous sommes bien là pour commémorer leur engagement et garder vive la flamme de leur idéal de justice, de liberté et de paix ; mais je ne m'attarderai pas aujourd'hui sur les détails de leur vie de Résistants dont celles et ceux qui nous sont fidèles connaissent le détail à force de les entendre, chaque année rappelés. C'est plus de notre activité au quotidien qu'il sera question.

Comme le temps passe et fauche un à un celles et ceux qui ont fait l'histoire de cette époque nous ouvrons un nouveau cycle de la vie de notre association, dans un temps où la seconde guerre mondiale ne sera plus dans l'histoire qu'un objet dont ne subsisteront que les traits saillants que les tenants de la République voudront bien conserver au chapitre de son roman national.

La mémoire des faits s'estompe avec le temps et la disparition des acteurs.

Quand, avec l'ANACR, nous foulons la même terre que celles et ceux qui résistaient à la barbarie nazie et à ses petits commis pétainistes nous ne faisons que relire quelques pages d'un livre d'histoire à l'encre sèche. C'est dans le livre de la vie que nous nous replongeons, une vie d'hommes et de femmes de conviction, dans la chaleur de leurs émotions, dans les frissons de leurs peurs, et avec aussi la force de leur engagement au service du même idéal, en quête d'un monde de paix, de justice, de liberté.

Maintenant le risque est grand de voir les commémorations s'éteindre, ou de ne persister que prisonnières du passé.

Dans notre organisation, à la petite échelle du comité local de l'ANACR Meillard Le Montet nous travaillons pour conjurer ce mauvais sort, convaincus que la mémoire de la Résistance est toujours au présent un puissant levier de compréhension du monde et d'action pour le remplir d'humanité.

C'est le ressort de notre action qui nous fait travailler avec les plus jeunes générations et pour le public plus large des citoyens promeneurs d'aujourd'hui.

Notre exposition Terre de Résistance : elle a passé une semaine au collège de Montmarault après une demi-journée de présentation par nos soins. Elle est aussi resté au moins trois semaines au regard de tous dans le hall de la cité scolaire de Saint-Pourçain où nous avons eu le plaisir de la présenter en présence d'un groupe de jeunes allemands et de leurs enseignants…

Le Mémobus a parcouru notre itinéraire de Résistance à deux reprises avec plus de cent élèves de troisième du collège Diderot de Aigueperse…

Demain nous allons accueillir une quarantaine d'élèves de 3ème , toute la journée aux Champs pour une immersion dans le monde de la Résistance et avec l'expérience inoubliable pour les jeunes de la rencontre avec Lucien et Jeannine qui répondent à leurs questions tout en témoignant…

Depuis le début de l'année scolaire nous travaillons avec les élèves de CM1&2 de l'école de Tronget sur la mémoire de Louis LANUSSE, assassiné à Tronget le 18 juin 1944. Les élèves ont réfléchi au phénomène guerre, ils ont travaillé sur l'évolution des paysages à trois quarts de siècle passés, ils ont fait connaissance avec l'histoire de Louis Lanusse, ont contacté la famille qui reste en Allier et l'ont rencontrée, ont réalisé des panneaux d'information qui marqueront le parcours de la dernière journée de Louis Lanusse, et préparent une cérémonie au jour anniversaire pour montrer leur travail à leurs parents, et au public…

En 2014 nous avions construit un nouveau monument à la ferme de Villars à Noyant… Mais il reste encore des jalons à poser pour faire partager la mémoire de la Résistance. Et cette année nous entamons un nouveau chantier : celui de la construction du monument qui marquera la création du Camp Danièle Casanova, le 6 juin 1944 à Moladier.

La première étape, essentielle à la réalisation du projet, est franchie : l'accord de l'ONF pour l'installation du monument au rond-point de Moladier. Une convention signée entre nos deux parties en fixe les conditions.

La seconde étape, tout aussi importante est maintenant devant nous. Il nous faut réunir les fonds nécessaires à la réalisation. Nous avons évalué à 3500 euros le coût des matières d'œuvre, location de matériel et transport. Pour le reste, de la conception du monument à son installation, en passant par toutes les étapes de sa création, c'est notre travail de bénévole qui fait l'affaire. Et nous avons la chance d'avoir dans nos rang la tête et les mains d'un meilleur ouvrier de France !

Nous allons dans les semaines qui viennent lancer notre campagne de financement en sollicitant les collectivités de notre secteur dont certaines nous ont d'ores et déjà assuré de leur soutien. Si tout le monde s'y met, ce n'est pas grand-chose au regard d'autres dépenses (200 euros par commune ! De peur que certaines fassent défaut je suis sûr que d'autres seront plus généreuses). Et, si jamais il restait quelque argent disponible nous avons prévu un développement autour du « périple du 14 juillet » dans les communes traversées par les maquisards de Casanova le 14 juillet 1944…

Dans notre travail, quelques choses se voient… Mais beaucoup d'autres sont à l'ombre. Notre équipe est mobilisée dans l'exploitation d'archives qui nous ont été confiées par d'anciens Résistants, et plus récemment par André SEREZAT. L'étude de ces documents renforce notre connaissance et nous permet d'envisager d'autres actions au service de la mémoire.

Nous participons aussi bien sûr à l'activité du Comité Départemental de l'ANACR, et tout particulièrement à la réalisation d'un premier livre mémorial des lieux de Résistance du département. Notre investissement au niveau départemental se traduit par l'engagement en nombre de notre équipe dans le comité départemental avec Daniel Dufour, Michèle Fallut, Michel Henry comme trésorier, Mickaël Laurent Secrétaire Général et moi-même vice-président.

C'est dans ces activités qui nous occupent toute l'année durant que nous mobilisons de nouvelles forces avec celles et ceux qui nous rejoignent pour travailler. Pas plus tard que la nuit dernière, Elisabeth GAGNE (fille du docteur Gagne, résistant montluçonnais) me faisait parvenir 100 photos de dossiers de Résistants qu'elle consulte aux archives de Vincennes. Michèle FALLUT fera de même lors de ses passages à Paris…

Si je vous donne là un aperçu de ce que nous faisons pour remplir notre mission de passeurs de mémoire, ce n'est pas pour que vous en soyez contents ou que vous nous en félicitiez, mais plutôt pour vous dire que nous serions heureux de vous accueillir au travail pour faire vivre l'idéal de la Résistance, contribuer à la réalisation d'un monde de paix, de liberté, de justice, un univers d'humanité… Nous ne sommes jamais assez nombreux attelés à cette tâche !

Autour de nous, les ambitions démentielles des petits comme des grands plongent le monde dans la violence et la haine, dans le tumulte de la guerre chez les autres pour mieux préserver l'amas de la richesse chez soi… Le monde est malade sur tous les continents. Et si nous nous sentons parfois assez impuissants à le soigner nous devons puiser dans la mémoire de la Résistance les ressources nourrissant nos engagements.

Je conclurai en vous remerciant de votre attention avec un mot d'Eric Orsenna qui dit tout de notre engagement à l'ANACR :

 « La mémoire est la santé du monde ! »

 nnn Daniel Levieux