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Prise de parole du 12 mai 2019

Merci à vous toutes et tous qui êtes fidèles à notre geste commémoratif des Camps Hoche et Casanova.

Excusés : l'exécutif du Conseil départemental, le député Jean-Paul Dufrègne représenté par Marie-Françoise Lacarin, le Major Didier CHOPARD, Commandant la Communauté de Brigades de SOUVIGNY.

Aujourd'hui nous commémorons l'engagement précoce des résistants bourbonnais sur les terres du Bocage à la charnière des années 42-43. Des combattants de l'espoir….

Et tout semble appartenir à la routine, au même endroit les mêmes, ou presque, pour évoquer les mêmes choses… Et pourtant nous ne sommes plus l'an dernier et la mémoire nous plonge à 75 ans passés. Nous sommes là pour faire dialoguer un passé avec notre présent… Un présent lourd de drames, d'amertumes et de rancœurs… Au point qu'on en croirait Zola qui écrivait : « Lorsque l'avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble. »

La mémoire du camp HOCHE ne connait pas d'amertume, elle porte l'espérance.

Après six mois de préparation depuis l'automne 42, c'est une histoire qui parait bien courte que celle du premier maquis FTP de l'Allier écrite de Mars à Septembre 43… Elle avait commencé bien avant, et se continuera bien après jusqu'au-delà de la libération pour celles et ceux dont la vie sera marquée à jamais de son empreinte…

Après le 6 janvier 43 et la manifestation en gare de Montluçon qui empêche le départ d'un train de requis du travail en partance pour l'Allemagne, le vivier des clandestins grandit pour alimenter les effectifs des premières organisations de la Résistance en maquis.

La recherche d'un lieu pour y installer un maquis, dès fin 1942, conduit les BAVAY et Georges GAVELLE chez Les Depresle au village des Champs, à proximité duquel ils vont installer une trentaine de francs-tireurs ; A l'époque, pour un maquisard clandestin, il faut compter au moins 2 résistants légaux qui connaissent la région et sont toujours disponibles pour le renseignement, le guidage, le ravitaillement négocié du maquis, des aides diverses, sans pour autant savoir où sont les maquisards souvent.

Plus d'un an auparavant pendant l'hiver 1941-1942, la rencontre de Gaston PLISSONNIER et Francis MITTON de Bresnay avait débouché sur le développement du Front National dans la région. Francis MITTON et Émile PARNIERE avaient créé la Confédération Générale des Paysans Travailleurs dans l'Allier non occupée. C'est parmi les membres de ce syndicat illégal que vont se recruter la plupart des F.T.P. sédentaires ou légaux qui vont aider, le moment venu, le camp à s'installer et se structurer.

Ce premier maquis de l'Allier F.T.P. issu des éléments francs-tireurs de 1942 à Montluçon a été soutenu par d'autres initiateurs de la Résistance dans l'Allier qui n'avaient pas baissé les bras face à la répression, les mineurs de Saint-Hilaire et Buxières-les-Mines.

Les actions des maquisards du Camp Hoche ont pris la forme de guérilla et de sabotages de lignes électriques, de transformateurs, de voies ferrées, de destruction de dépôts allemands, d'engagements contre la milice et l'armée d'occupation, des pavés dans les vitrines des locaux du Maréchal et de l'office allemand, des incendies des récoltes et des batteuses chez les collabos actifs, tout est bon pour harceler l'ennemi.

Le camp Danielle Casanova

La stèle de Chapillère devant laquelle nous étions tout à l'heure marque à la fois la mémoire de Hoche et de Casanova qui s'activa l'année suivante de juin 1944 jusqu'à la libération du département.

Si j'évoque à présent le Camp Casanova, ce n'est pas pour l'histoire de ses combats de l'été 44, nous y reviendrons lors des cérémonies du 21 juillet prochain.

L'an dernier à cette même époque, j'évoquais devant vous le projet conçu par notre comité local d'élever un monument à la mémoire des combattants du Camp Casanova.

Désormais nous entrons dans la phase de sa réalisation après que le volet financier en soit bouclé. Il a fallu bien des mois, des démarches, des sollicitations et des relances pour aboutir enfin à boucler le budget de l'opération à hauteur de 3000 euros pour financer la matière d'œuvre ; pour le reste c'est avec le soutien de la commune de Besson pour l'installation, et le travail des bénévoles de notre association que les choses vont pouvoir se faire !

Il nous faut remercier les services de l'ONF, l'ONAC et les collectivités qui ont répondu à notre sollicitation financière, le Conseil Départemental, les deux tiers des communes de notre secteur, au bout du compte il a fallu des dons privés ayant apporté les 15% manquants.

Après la stèle de Villars, l'installation de la stèle de Moladier marque notre volonté de matérialiser la trace de la Résistance pour en préserver la mémoire au fil des générations.

C'est un devoir pour nous d'attacher les noms de ceux qui nous ont déjà quittés trop nombreux, des noms familiers de notre terre, les Joyon, Livernais, Cognet ou Perrot, des Aurambout, Mitton, Gavelle, Thévenet, Magnière et Bellien, Bonnot ou Ameurlain, et tant et tant d'autres… Chaque coup de ciseau dans la pierre du monument les inscrira dans la pierre qui jalonne le chemin de la mémoire.

C'est aussi un plaisir que nous voulons partager avec nos anciens, nos camarades Lucien Depresle et André Tantot pour témoigner de notre fidélité à leur cause dans le relais que nous assumons au sein de l'association.

Le fil du temps

Certes, personne d'autre que les acteurs directs, Résistants ou déportés, ne pourra jamais dire mieux qu'eux la souffrance qu'ils ont vécue et faire partager le sens de leur engagement.

Mais la vie est là, trop courte pour ceux qui nous quittent, tout juste balbutiante pour les générations nouvelles qui vont devoir apprendre, pour peu qu'on leur en donne les moyens et qu'on leur apporte la connaissance nécessaire, à parler du nazisme, du système concentrationnaire, du génocide, du racisme, de l'antisémitisme, de la xénophobie, du droit à la différence, du respect de l'autre, de la paix plus que jamais nécessaire à rétablir ou à préserver dans bien des régions du monde.

Le sort qu'on fait à l'enseignement de l'histoire aujourd'hui, et plus largement à l'école publique a bien sur ce point de quoi inquiéter maintenant pour la formation des citoyens de demain.

La résurgence des idéologies d'extrême droite partout en Europe sans épargner la France souligne encore plus cette exigence de mémoire vivante pour conjurer le danger.

La lutte contre les négationnistes, les falsificateurs de l'histoire et quasi quotidiennement la dénonciation de ceux qui instrumentalisent l'histoire à leur profit, sur le plateau des Glières ou ailleurs, s'impose.

C'est à nous, avec vous, de nous en donner les moyens, c'est aujourd'hui notre responsabilité de relever ce défi pour exprimer, au-delà de notre fidélité à nos anciens, un attachement aux valeurs qu'ils défendirent au péril et parfois au prix de leur vie.

Le Conseil National de la Résistance et son programme illustraient justement ces valeurs. Pierre VILLON y dessinait des « Jours Heureux » en écrivant sa partie sociale et économique, c'est la protection sociale et la maîtrise publique des grands domaines de l'énergie et des transports, les voies et moyens d'une démocratie économique et sociale, tout ce qui fut depuis des décennies mis en pièces dans la revanche de l'argent roi. Il en était sorti la sécurité sociale, le système de retraite, le statut de la fonction publique…Ces Résistants-là avaient au moins le mérite de ne pas se résigner à la satisfaction du « moindre mal » dans des compromis qui nourrissent la compromission. Ils construisaient un véritable projet d'avenir qui visait l'humanité tout entière, un programme suffisamment utopique pour être réaliste. Ils devraient utilement inspirer l'action au quotidien de celles et ceux qui détiennent quelque parcelle de pouvoir pour faire la vie meilleure, garantir une véritable démocratie, la justice sociale et la paix.

Ces valeurs de la résistance que nous portons ne sont pas les ornements démodés d'un passé dépassé qu'il faudrait ranger dans la naphtaline. Elles nourrissent notre engagement et seront au cœur de notre action, dans 15 jours, le 27 mai au Montet, quand nous célèbrerons la « Journée Nationale de la Résistance ».

Exposition, interventions en milieu scolaire, voyages et commémorations, participation active à la vie du comité départemental et au comité du CNRD, travaux de recherche, valorisation du patrimoine… C'est beaucoup de travail dont je veux remercier très chaleureusement devant vous tous mes camarades bénévoles de l'association qui se dépensent sans compter dans une bien belle ambiance, et sans l'engagement desquels vous ne seriez peut-être pas là…

Il nous faut votre soutien pour poursuivre notre action, mieux encore avec celles et ceux qui nous rejoindront en adhérant pour accomplir leur part à la tâche et faire vivre la mémoire de la Résistance, toujours plus, toujours mieux, toujours, tout simplement.

Et c'est sans nostalgie aucune que j'emprunte ma conclusion à Victor Hugo :

 « L'avenir est une porte ; le passé en est la clé ! »

Je vous remercie de votre attention, et de votre patience.

Avant que nous partagions le verre de l'amitié la parole est à

  • Monsieur le Maire,
  • Madame la Conseillère Départementale,