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François Riboulet |
Prise de parole de Henri DIOT au nom du Comité Local de l'ANACR |
Prise de parole de Henri DIOT à la cérémonie du 9 septembre 2019 à la Stèle Riboulet - Ferrières sur Sichon
François Riboulet mais aussi, Francisque Driffort, Roger Dégoulanges, André Mandart, Julien Charpentier, ou encore Fernand Lafaye et Georges Ferrier, tous ces noms sont familiers aux habitants de Ferrieres, du Mayet de Montagne, de Chatel-Montagne ou de Cusset. Ce sont en effet des noms donnés à des rues de ces localités. Dénommer une rue n'est pas un acte anodin et confère à coup sûr une forte identité à la localité concernée. Les personnes que je viens de citer ont été victimes du nazisme, emprisonnées, torturées, déportées, exécutées . Elles sont l'incarnation des souffrances que la population de notre pays a endurées, mais aussi du courage de ceux qui osèrent se dresser contre l'occupant et ses complices du gouvernement de Pétain.
François Riboulet a été de ceux-la. Né le 1er mai 1886, il apprend le métier de menuisier-charpentier puis devient coiffeur au bourg de Férrières. Il fonde en 1909 la fanfare « l'Amicale », qu'il dirige avec brio étant lui-même excellent musicien. Il participe à la guerre de 1914-1918 dès le 3 août 14, début des hostilités, notamment en Orient d'où il est évacué en septembre 1917. Ses compétences et son dévouement le portent aux fonctions de conseiller municipal en 1919, puis d' adjoit au maire en 1925.
Il est de ceux qui n'acceptent pas l'occupation et le régime de Pétain, et ne cache pas ses convictions notamment au sein du conseil municipal .Il s'engage dans la Résistance, mettant son domicile à la disposition des responsables des maquis des Bois Noirs ou de Chatel-Montagne, en particulier Raymond Moncorgé ou André Dessausse dès septembre 1943. Arrêté par la Gestapo le 22 novembre 1943 à la suite de la rafle conduite contre le maquis des Bois Noirs, il est interné à Vichy, puis à la Mal-Coiffée. Il est déporté de Compiègne au camp de Büchenwald où il arrive le 19 janvier 1944 dans le convoi no 1171, il y reçoit le matricule 40353 et reste au camp principal où il décéde le 13 mai 1944.
François Riboulet aurait dû continuer à servir sa famille, ses administrés, ses chers musiciens de l'Amicale. Destin tragique pour cet homme admirable. Il reste aujourd'hui les décorations qui l'honorèrent : les Palmes Académiques décernées le 23 février 1939 par Jean Zay alors ministre de l'Education Nationale et des Beaux-Arts, puis à titre posthume la Croix de guerre, la médaille de la Résistance, la Médaille d'Argent pour faits de résistance et la Légion d'Honneur le 17 juillet 1955.
La commune de Férrières, en donnant à la rue principale le nom de François Riboulet dès après la fin de la guerre rend hommage à son courage. La stèle devant laquelle nous sommes a été érigée en 1948, inaugurée le 13 juin ; enfin, une plaque apposée sur la façade de la maison familiale a été dévoilée en 1991, en présence de la famille Riboulet et du jeune maire de l'époque, Jean-Marcel Lazzérini. Chaque année, comme nous le faisons en ce moment même, le souvenir de François Riboulet est ravivé et son action courageuse glorifiée.
Tout ceci ne trouve de sens que si l'on prend pleinement conscience des valeurs qui sont ainsi portées par ces actes de mémoire. Pourquoi maintenir le souvenir d'une telle période empreinte de malheurs et de divisions ? Pourquoi vouloir maintenir le souvenir de ces résistants victimes de la guerre, comme d'autres, raflés, déportés pour motif racial, écrasés sous les bombes ou fusillés comme otages ? Quel est le sens pour la jeunesse de ces manifestations patriotiques dont il faut préserver la spécificité et ne pas les fondre en une journée du Souvenir qui effacerait l'Histoire ? Les Résistants se sont sacrifiés pour l'amour de la Patrie, quelles qu'aient pu être leurs convictions politiques ; la Patrie, c'est la terre des ancêtres, mais la France est d'abord le pays de la Révolution de 1789, des Droits de l'Homme et de la République. C'est cela que les Résistants ont défendu, contre les forces du totalitarisme, du racisme, de la négation de l'Humanité . Que leur courage, leur dévouement, leur sacrifice ne soient pas vains, prenons appui sur leur message pour souder notre Nation qui doit rester un phare dans ce monde de plus en plus déstabilisé et inquiétant. Je terminerai avec cette citation de Maurice Druon, résistant et co-auteur du Chant des Partisans :
"Jeunesse n'oublie pas tout à fait"
"N'oublie pas qu'ils avaient ton âge, ceux qui tombèrent pour que tu naisses libre et n'oublie pas que la liberté ne mourra jamais tant qu'il y aura des hommes et des femmes capables de mourir pour elle." (Maurice DRUON)
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