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Commémoration Maquis Danièle Casanova - Besson, Dimanche 21  juillet 2013

Communiqué de presse - en images     

Prise de parole pour le Comité Local de l'ANACR : 

Danièle Moret - Daniel Levieux

 

Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer ici la mémoire de Roger BELLIEN comme nous l'étions tout-à l'heure au Parc à Cressanges en souvenir du sacrifice de Marc BONNOT. Tous les deux combattants du maquis Danièle Casanova ont été victimes de l'attaque du 18 juillet 1944.

Par-delà les circonstances de leur engagement et de leur fin tragique, c'est le sens de la Résistance qu'ils incarnaient que nous célébrons ensemble ici.

 

 

1939… 1940... 1942!

Chaque jour qui passe de toutes ces années fait passer la Résistance de l'idée à l'action, des multiples appels de 1940 à l'édition des tracts et des journaux clandestins qui allaient propager l'esprit de Résistance jusqu'à la lutte armée.

1943… la victoire n'est pas encore là, mais ses prémices se dessinent sur le front de l'est comme en Afrique.

La Résistance intérieure ne peut qu'en être encouragée et l'établissement du Conseil National de la Résistance le 27 mai 43 en reconnait la contribution majeure à la lutte pour la libération. Le programme du CNR publié neuf mois plus tard avec sa mise en œuvre pour une part à la Libération, a fondé bien des bases des acquis démocratiques et sociaux refondateur de notre démocratie républicaine. Que d'avancées démocratiques et sociales mises à mal depuis des décennies  (services publics et nationalisations, sécurité sociale ou retraite...).

 

 

L'histoire est un devoir ; sa connaissance une part de science.

Pour servir la vie, la compréhension du présent, la maîtrise de l'avenir, il est bien utile qu'elle soutienne le  droit à la mémoire, l'appréhension indispensable de la dimension humaine de l'engagement, du parti pris des femmes et des hommes qui ont engagé leur vie au service de la cause qu'ils savaient juste. Et c'est à nous de veiller à ce que mémoire et histoire fassent bon ménage ! C'est l'exercice de ce droit à la mémoire qui nous rassemble ici pour préserver le souvenir des victimes du nazisme et de la collaboration pétainiste.

« Amis si tu tombes, un amis sort de l'ombre à  ta place… »

 

 

Marc Bonnot, Roger Bellien, comme des milliers d'autres sont des maillons brisés de la grande chaîne de la reconquête de la liberté et de la dignité de la France.

Ils témoignent de l'engagement progressiste depuis longtemps enraciné notre terre bourbonnaise. 

Il fallait avoir un certain culot pour s'installer à deux pas du Vichy de Pétain et de sa milice.

 

 

Lorsque le maquis Hoche s'est installé à Meillard dans les bois près du village des Champs, Georges Bavay et Georges Gavelle savaient qu'ils pouvaient compter sur le soutien local et l'engagement actif des familles pour leur ravitaillement comme pour grossir leurs rangs.

Le maquis Hoche n'avait pas résisté à l'attaque du 25 septembre 43 en forêt des Colettes.

Mais c'est bien de son expérience et de ses forces et de ses hommes que naîtra  le camp Danièle Casanova.

Le 6 juin 44 passé, à la nouvelle du débarquement allié en Normandie, le responsable des groupes de résistants sédentaires du secteur les appelle tous à se rassembler et ce sont près de deux cents maquisards qui vont se retrouver à la ferme de Moladier…

 

 

Beaucoup trop nombreux pour une organisation efficace et sure avec le peu d'armement disponible et les problèmes d'intendance à régler… Les moins exposés repartiront ne laissant que quatre-vingt combattants qui vont former le maquis Danièle Casanova, dans les bois du Château de Bost avec l'accueil bienveillant du Prince de Bourbon Parme. Quelques jours plus tard c'est à Renaudière que le camp s'installe, et c'est là que Lucien Depresles rejoindra ses camarades le 13 juillet à son retour de Saint-Plaisir.

Le lendemain, 14 juillet, Lucien va rester garder le camp avec une vingtaine d'autres pendant qu'une soixantaine de maquisard vont entamer le fameux périple du 14 juillet passant par Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, pour revenir à Meillard. Ils faisaient défiler ainsi les soldats de l'ombre au grand jour au moment symbolique de la fête nationale d'une République qu'ils étaient en train de reconquérir. Ils redonnaient aussi confiance et espoir à la population qui les accueillait si bien.

 

 

Avec cette initiative les combattants du maquis Casanova manifestaient la présence de la Résistance aux abords de Moulins, de Vichy, de Saint Pourçain, comme une saine provocation à l'égard des collaborationnistes de Pétain.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l'attaque de l'armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule, face à des forces ennemies supérieures en hommes et en matériel, les combattants du maquis décrochent et se dispersent.

Connaissant bien le terrain, Lucien entraine un groupe d'une quarantaine de ses camarades par les bois. Traversant la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d'eau, entre le Latais et Ménilchamp, ils vont se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

Dans la nuit suivante, Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent aussi bien la région, prennent la direction du groupe pour gagner Bost, sur la commune de Besson.

 

 

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d'être parmi les 300 qui furent libérés lors de l'évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

 

 

Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe à grand bruit sur la route Besson Cressanges, avant de revenir vers 11 heures. Les G.M.R. et les miliciens encerclent les maquisards : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage Marc BONNOT et Roger BELIEN sont tués. CUISSINAT est blessé au pied ; Il sera caché et soigné chez CHALMIN au Village à Cressanges. Roger MAGNIERE, blessé grièvement par des miliciens est abandonné dans un fossé, conduit à l'hôpital de Moulins il sera soigné et amputé d'une jambe.

 

 

Nous mesurons difficilement aujourd'hui les difficultés, les peines et les risques qui accompagnaient chaque instant de l'engagement des résistants, qu'ils soient combattants armés de la clandestinité ou soutiens actifs dans la population.

 

Leur combat fut victorieux, mais aucune victoire n'est jamais définitive.

 

 

Alors il nous faut nous souvenir du processus qui conduisit hier nazis et fascistes au pouvoir, il faut nous souvenir que le terreau fertile de toutes les peurs c'est aussi la misère, le chômage, les inégalités démesurées, l'insolence et le mépris des puissants, la perte du lien social et la désignation facile de l'autre, étranger générateur du mal ; hier c'était le juif, le tzigane ou le communiste…

Travailler sur notre histoire, pour pouvoir comprendre le passé, appréhender le présent, construire et affronter l'avenir, telle est la volonté qui nous anime au sein de l'ANACR dans le respect des valeurs de la Résistance que le Programme du Conseil National de la Résistance rendait si bien. De ce fait la commémoration d'aujourd'hui fait partie de l'exercice de vigilance citoyenne dans le combat pour les Droits de l'Homme, pour la Liberté et pour la Paix.

 

 

La victoire chèrement payée du sang des uns sur la barbarie des autres mérite toujours aujourd'hui le respect ; et le temps qui passe, loin d'estomper ces différences doit obtenir de l'histoire leur explication.

Cette vigilance toujours d'actualité doit aiguiser notre regard sur le monde. Le monde et les temps changent, mais les racines de la barbarie n'ont pas été extirpées des consciences folles d'aucune terre ni d'aucun peuple.

 

 

L'Europe exacerbe la concurrence entre ses peuples les précipitant vers la misère et l'exil…

L'Afrique est secouée de conflits ethniques ou de libérations impréparées de tyrannies pour retomber sous un empire religieux tout aussi funeste…

Le Moyen Orient saigne toujours du conflit israélo-palestinien et la Syrie est à feu et à sang…

Plus loin à l'est l'Irak fume encore et l'Afghanistan est abandonné à sa ruine…

D'Asie aux frontières de la Chine, d'Amérique Centrale au pourtour amazonien, les conflits et les guerres rendent chaque jour plus urgente l'action concertée des nations pour la paix. Le monde souffre sous l'occupation et la dictature de l'argent.

Comme dans la première moitié du siècle dernier la mission de paix de la SDN avait été débordée par les ambitions bellicistes des fascistes et des nazis, nous voyons au début de ce nouveau siècle l'ONU débordée par les ambitions de gendarme du monde de l'alliance partisane de l'OTAN au service des intérêts économiques occidentaux.

 

 

A l'échelle de notre quotidien , et c'était hier :

Un étudiant, Clément MERIC, a été victime d'une agression mortelle de la part de nervis d'extrême-droite liés à des organisations néofascistes.

Au-delà de la condamnation spécifique de cet acte odieux, ce sont les discours et les actes attentatoires à la liberté, et à l'intégrité physique des personnes, pouvant aller jusqu'au meurtre, qu'il est nécessaire de réprimer avec la plus extrême énergie.

Et il convient d'appliquer dans leurs plus sévères interprétations et applications la législation concernant les ligues factieuses, qui ne doivent pas avoir droit de cité dans notre pays.

Nous ne sommes pas alarmistes

 

 

et encore moins pessimistes !

il n'y a pas de fatalité à ce que le monde soit livré à la botte des tyrans et au délabrement des guerres.

La paix, la tolérance, la justice, le respect et la dignité restent les biens les plus précieux de chaque homme et de tous les peuples qui aspirent à vivre libres.

Ce sont bien ces valeurs que le sacrifice de Marc BONNOT là-bas, Roger BELLIEN ici, et de tous leurs camarades Résistants nous enseignent.

 

 

Ils ont payé de leur sang la liberté du lendemain, soyons dignes de leur engagement en extirpant tous les germes liberticides qui prospèrent à l'ombre de la misère, des discriminations, des inégalités, de l'individualisme, de l'accaparement insolent de la richesse et du pouvoir, du clientélisme et de la démagogie.

Il aura fallu des années pour que la revendication de notre association visant à faire du 27 mai de chaque année une Journée nationale de la Résistance soit enfin satisfaite. Après le vote quasi unanime du Sénat, l'Assemblée Nationale a scellé le principe de cette journée commémorative qui enjoint les établissements scolaires secondaires à mettre en œuvre des actions éducatives visant à assurer la transmission des valeurs de la Résistance et de celles portées par le programme du Conseil national de la Résistance.

 

 

Souvenons-nous, mais aussi agissons, engageons-nous, leur combat toujours d'actualité est aussi le nôtre ; et je vous invite, pour celles et ceux qui ne l'auraient pas encore fait à nous rejoindre au sein de l'association des Anciens Combattants et ami(e)s de la Résistance pour nous aider à conserver  et à faire vivre la mémoire de la Résistance dans toutes nos initiatives, commémorations, réalisation d'expositions, publications diverses et autres initiatives.