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De retour de Brive, à chaud, ou presque !

 

La participation au congrès national de l'ANACR permet de situer l'action militante locale et/ou départementale dans le cadre plus vaste du pays tout entier. Les congressistes disposent d'un poste d'observation privilégié pour apprécier le fonctionnement de leur association et contribuer à sa marche en avant au travers des débats et des échanges qu'il permet.

Un premier mot s'impose : MERCI.

Nos remerciements vont aux camarades du comité organisateur qui, depuis plus d'un an, ont dû se dépenser sans compter pour offrir les meilleures conditions d'accueil et de travail aux centaines de congressistes qui ont fait de « l'Espace des Trois Provinces » leur maison commune trois jours durant. Ils vont aussi tout particulièrement à la cinquantaine de bénévoles qui ont dû assurer les tâches, parfois ingrates dans l'ombre, qui ont permis le bon déroulement de notre congrès.

Economie de remerciements : les médias, dont la discrétion a été exemplaire pour taire notre initiative au-delà des frontières de la ville, n'en n'ont pas besoin.


Trois idées fortes retenues de trois journées :


Poursuivre le combat de la Résistance contre le fascisme.

Le texte proposé par le bureau national avait donné le ton. Son contenu documentaire très riche pouvait nourrir le meilleur argumentaire pour mobiliser sur l'engagement dans la lutte antifasciste d'aujourd'hui au service de la mémoire des combats de la Résistance et de ses valeurs exprimées dans le programme des « Jours heureux ». Le programme publié par le Conseil National de la Résistance il y a 70 ans, texte fondateur du retour à la démocratie, objet de détestation des héritiers du pétainisme et sans cesse mis à mal depuis plus d'un demi-siècle, n'a rien perdu de sa pertinence. Le 27 mai désormais devenu « journée nationale de la Résistance » devra permettre d'en rétablir la reconnaissance.

Les témoignages des délégations du sud méditerranéen illustrant les effets de la montée du Front National au fil des échéances électorales alertent sur l'impérieuse nécessité de ce combat et d'une vigilance renforcée que les modifications statutaires conforteront.

La victoire de 45 sur les fascismes et le nazisme ne les avait pas pour autant éradiqués. Dans le cadre troublé d'un monde en crise économique, sociale, politique et morale, la résurgence actuelle de ces idéologies criminelles appelle de notre part un engagement déterminé à combattre les causes de leur nouveau développement. La mission de l'ANACR dans les domaines de la mémoire et de l'histoire permet d'y  contribuer en développant la connaissance d'un passé bien utile à la maîtrise des enjeux du présent pour un avenir de liberté, de justice et de paix.

 

Préserver le pluralisme de l'association...

C'est à l'épreuve du feu de la recrudescence de la violence d'extrême droite que notre charpente grince…

Dans les secteurs où l'extrême droite a tant progressé qu'elle gagne des positions électives et développe des initiatives de violence, d'exclusion et de haine, la lutte antifasciste suscite la création de rassemblements ou d'appels auxquels les instances départementales ou locales de l'ANACR  sont appelées à participer.

Deux pistes divergentes se présentent et la direction nationale conteste l'engagement de l'ANACR dans de tels collectifs tant que la diversité de leur composition ne rejoint pas celle qui présidait à l'établissement du CNR. Au prétexte de faire apparaître notre association comme « de gauche » dès lors que les composantes de ces rassemblements rétréciraient « l'arc républicain » à la gauche de la gauche, l'action de l'ANACR devrait se réduire à une prise de position autonome.

Cet excès de précaution de notre direction nationale amoindrit la portée d'un texte d'orientation qui pointait bien le nécessaire engagement antifasciste de notre association. N'est-il pas un peu illusoire d'attendre que des formations politiques de droite ou du centre, perméables aux thèses de l'extrême droite dès lors qu'il s'agit d'arithmétique électorale, viennent compléter l'éventail pluraliste de nos forces pour s'engager ?

Le pluralisme invoqué, constaté au temps de l'unification des mouvements de Résistance sous la houlette de Jean Moulin, peut-il être sorti sans dommage de son contexte de la guerre et transposé en 2014 dans la même unité d'intentions ? Les positionnements relatifs des uns et des autres dans les années d'après-guerre, avant même la création de l'ANACR en 1952, permettraient déjà d'en douter. La situation actuelle, contexte de notre lutte antifasciste d'aujourd'hui, tient plus de celles des années 30 que de celles de l'occupation.

« Fou qui fait le délicat… », écrivait le poète.

Le pluralisme de l'ANACR n'est pas en cause et sa préservation dans le fonctionnement de l'association ne pose aucun problème dès lors que le rassemblement se fait sur la défense des valeurs de la Résistance telles que le programme du CNR les expose et sur la préservation de la mémoire de la Résistance.


... une organisation fragilisée dans une diversité accrue.

La perte massive de nos anciens, plus de 700 l'an dernier, accroit le déséquilibre dans la composition de nos effectifs qui comptent désormais près de quatre fois plus d'Ami(e)s que d'anciens Résistants. Le passage de relais dans la transition initiée au congrès de Limoges avec l'intégration des Ami(e)s est à l'œuvre partout où l'association continue de vivre. Mais cinq départements ont perdu leur organisation dans les deux dernières années et les anciens font parfois montre de leur difficulté à vivre cette évolution.

L'un s'interroge sur le nombre de congressistes ayant eu en 1940 l'âge de choisir son camp… l'autre manifeste sa colère à voir la périodicité des congrès passée de deux à trois ans, repoussant ainsi le prochain après la disparition de beaucoup…

Les tensions fortes traversant parfois des propos véhéments peuvent provoquer la gêne de « non initiés » et traduire quelques dysfonctionnements dans l'organisation. A défaut d'être sur le fond, c'est aussi sur la forme qu'une attention plus forte pourrait-être portée, non pour ménager des susceptibilités, mais bien plutôt pour garantir les meilleures conditions du débat démocratique.

De la même façon la liaison dans les deux sens entre les trois niveaux de l'organisation pyramidale, du local au national en passant par le départemental ne semble pas de nature à conforter l'image et l'efficacité de l'ANACR, chaque strate fonctionnant plutôt de façon autonome.

L'espace et l'initiative du comité local forment l'essentiel de  l'activité de l'association ; mais la collecte des cotisations à ce niveau n'y laisse généralement rien de ces moyens financiers qui sont répartis entre le niveau départemental et le national.

Le compte-rendu financier de la trésorerie qui fait état de déficits successifs importants eu égard à l'amoindrissement des recettes peut aussi inquiéter.

Le recrutement, dont la faiblesse est régulièrement invoquée, devrait être la préoccupation majeure de toute l'organisation pour faire face aux enjeux du moment et au passage délicat de la phase de transition dans la conduite de l'association.

La communication, appréhension du public cible et outils mis en œuvre, est aussi apparue comme un objet de préoccupation. Le site Internet national n'est pas actif et des initiatives, toutes louables, se développent dans certains départements sans mise en cohérence ni valorisation d'une image commune de l'ANACR. C'est un handicap certains à la fois pour le fonctionnement de l'association et pour ses visées sur le public des jeunes générations.

 

Bien d'autres choses reviendront à l'esprit de ces trois journées qui, en marge des travaux, moments protocolaires, cérémonies et réceptions, ont aussi permis des rencontres et des échanges fructueux nourrissant en germe les projets nouveaux à conduire à l'échelle du département ou dans nos comités locaux.

En participant au congrès « ailleurs » il vient aussi à l'esprit que nous pourrions l'accueillir « chez nous » une prochaine fois… Ce serait un objet de motivation et de mobilisation considérable pour notre organisation départementale. Ne nous privons pas de ce rêve au prétexte de l'insuffisance de nos moyens ; les rechercher et les rassembler feraient déjà un bon moteur de développement !


Daniel Levieux
membre de la délégation de l'Allier au Congrès de Brive la Gaillarde

 

 

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