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à propos du Congrès National de l'ANACR (DAX les 20, 21 & 22 octobre 2017)


Daniel LEVIEUX

Et un, et deux... et trois congrès !

 

AGEN 2010

Les 22,23 et 24 octobre 2010, le Congrès National de l'ANACR était réuni à AGEN ; c'était mon « premier congrès de l'ANACR ».( Ce que j'en avais retenu à l'époque... )

C'était l'année du passage de témoin à la direction de l'ANACR de Robert CHAMBEIRON (seul survivant du CNR) à Louis CORTOT, Compagnon de la Libération, tous les deux disparus aujourd'hui.

C'était l'année où le gouvernement n'avait pas daigné être présent avec son secrétaire d'Etat, ni même représenté ! Il est vrai que les valeurs de la Résistance ne devaient pas revêtir beaucoup d'importance dans un gouvernement qui venait de gommer l'histoire des programmes de terminale S.

A l'époque il y avait une fois et demi plus de délégués qu'aujourd'hui avec dix douzaines de Résistants au lieu d'une aujourd'hui… 75 départements étaient représentés contre 48 aujourd'hui…

Des trois commissions des congrès précédents, ne subsistent aujourd'hui plus que la commission « Orientation » et celle de la « Transmission de la Mémoire » ; celle du « Monde combattant et droits des Résistants » n'est plus.

Une constante cependant traversera tous les congrès suivant jusqu'à celui de ce week-end à Dax : l'inquiétude face à l'élargissement de l'audience en France et en Europe de partis et mouvements dont l'idéologie fasciste ne fait guère de doute. De la même façon l'analyse de la crise persiste dans toutes ses dimensions, économique, sociale, politique et morale qui laisse libre cours à la propagation du racisme, de la xénophobie, aux replis communautaires, identitaires ou nationalistes.

C'est aussi face à ce constat que le congrès avait engagé l'ANACR à d'œuvrer à une rencontre internationale en coopération avec la Fédération Internationale des Résistants, consacrée à la Résistance en Europe et aux résurgences du fascisme.

C'est de cette perspective de grand Mémorial de la Résistance qu'était né le petit projet de notre comité local Meillard-Le Montet dans la réflexion que j'avais eu avec Jean-Pierre LARONDE sur notre route du retour d'AGEN. Et depuis sur cette même logique d'autres projets ont germé !

 

Du 5 au 7 octobre 2012, c'est à Lons le Saunier que les jurassiens accueillaient les congressistes de l'ANACR.


BRIVE LA GAILLARDE 2014

Les 10, 11 et 12 octobre 2014, l'ANACR réunissait son Congrès National à Brive la Gaillarde.

Tous les congressistes auront retenu la solennité des cérémonies et tout particulièrement au Champ des Martyrs à Tulle, en présence du secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, M Kader ARIF. Cette année-là Cécile ROL-TANGUY partageait la Présidence du Congrès avec Louis CORTOT, Henriette DUBOIS et Bernard MARTIN.

C'est avec la commission « Monde Combattant et droits des Résistants » que le congrès insistait alors sur l'attribution de la Légion d'Honneur aux anciens Résistants tant qu'il en est encore temps… Le congrès de Brive aurait-il été entendu pour que nous obtenions après tant d'années d'efforts la remise des insignes de Chevalier à Lucien Depresle deux ans et demi plus tard ?

D'Agen parfois de façon plus ou moins sourde, mais surtout de notre assemblée de Brive je retenais des tensions importantes dans le corps d'une association secouée par le passage des générations. La direction nationale comme sa représentation dans des comités départementaux suscitaient des échanges où la discorde prenait le pas sur la cohésion pourtant utile à la bonne marche de l'association. Le cri de colère d'une ancienne Résistante à l'annonce du passage à trois ans de la périodicité des congrès en avait été une illustration parmi d'autres chahuts.

Entre les deux derniers congrès, la demande formulée à Brive d'un travail au niveau national sur la communication et l'usage d'Internet avait été entendue avec une réunion de travail tenue à Paris le 2 avril 2016 ; mais il aura fallu attendre le congrès de Dax pour que soit nommé un responsable de ces questions avec mission de faire avancer les choses. Il était temps face à l'agacement de beaucoup qui appelaient à la relance de l'activité du site national et à la communication inter départementale.

DAX 2017

Les 20, 21 et 22 octobre 2017, c'est dans la « Première cité thermale de France (aux dires de Mme la Maire !) que les congressistes de l'ANACR se retrouvaient.

La première impression, et c'est une forme de soulagement, est celle de l'apaisement. Loin des tensions et des crispations passées, l'atmosphère était plus détendue, les contacts semblaient plus francs et ouverts, sur un air de tranquille détermination.

Le personnage de Jean OOGHE, président du comité départemental qui nous accueillait avec toute son équipe n'y était pas pour rien : l'enthousiasme transpirait de ses propos, au moins autant que la détermination et l'opiniâtreté que tous ses interlocuteurs lui reconnaissent à la hauteur de son humanité.

Les débats ont été à la fois sérieux et détendus tout en pointant les difficultés qui nous sont faites aussi bien en interne par l'évolution de nos effectifs et les problèmes d'organisation qu'ils sous-tendent que dans un contexte de plus en plus difficile pour mobiliser les ressources nécessaires à notre action ou pour faire face dans un environnement parfois hostile à nos attentes. Le positionnement spécifique de notre association dans le paysage mémoriel, unique en son genre depuis la décision prise d'intégrer les Ami(e)s dans l'ANACR est certes pour nous un atout, mais le monde autour de nous n'est pas toujours capable de la juste reconnaissance que nous serions en droit d'attendre.

C'est sur ce point, et dans un contexte où l'affaiblissement de nos effectifs « Résistants » s'accélère au fil des années que certains comportements interrogent.

Sur le rabat de notre « porte documents » du congrès l'ANACR était déclinée comme « Association des Anciens Combattants de la Résistance ».

Dans toutes les prises de paroles l'adresse des officiels invités n'était faite qu'aux « Anciens Résistants ».

Dans les deux cas, pas d'Ami(e)s !

Il ne viendrait à l'idée de personne de minimiser un seul instant l'importance des « Anciens Résistants » auxquels nous sommes tous attachés comme à la prunelle de nos yeux, et auxquels nous devons tout… et aucun(e) Ami(e) n'aurait jamais fréquenté les travées de l'Atrium de Dax en ce mois d'octobre sans eux !

Mais les 11 Résistants présents au congrès de Dax auraient-ils reçus les éloges du sous-préfet et des élus -tous plus bavards sur leurs mérites que généreux face aux demandes qui leurs sont faites-, sans l'engagement des Ami(e)s de la Résistance aujourd'hui en responsabilité, non seulement pour que l'association survive à ses initiateurs, mais aussi pour que les valeurs qu'ils défendirent au péril de leur vie continuent d'être préservées et promues.

Il ne s'agit pas là d'une quelconque susceptibilité mal placée, mais bien de la question de fond de la reconnaissance de la légitimité des Ami(e)s de la Résistance en charge de l'association dès lors que le temps nous prive de nos Anciens. Tout ce qui se trame autour de la réforme du Concours de la Résistance et de la Déportation qui en écarte le monde associatif ne peut que renforcer notre vigilance sur ce point. La mise en perspective de la reconnaissance par l'Etat d'une Fondation unique pour supporter le fardeau mémoriel illustre le risque majeur de son instrumentalisation et mérite la même attention. L'ANACR doit rester active dans le dispositif d'organisation du CNRD et revendiquer sa place.

Comme il a été redit au congrès de Dax, les Ami(e)s de la Résistance ne portent pas la parole de l'acteur ou du témoin de la Résistance comme les Résistants ou les Déportés ont pu le faire ; ils seront cependant toujours passeurs de leur mémoire, en charge du travail de mémoire, et partenaires incontournables pour qui veut écrire l'histoire ou veiller à ce qu'elle ne soit pas falsifiée.

Si négationnistes et contrefacteurs sont à l'affut dès la disparition des derniers témoins pour instiller le poison de leurs thèses, les Ami(e)s de la Résistance doivent être les vigies clairvoyantes de la République pour préserver les conquêtes et les valeurs de la Résistance, pour les enseigner aux plus jeunes générations et conjurer l'oubli. Aujourd'hui c'est le travail d'Ami(e)s de la Résistance qui ont eu le bonheur de cotoyer les Anciens Résistants et d'en apprendre beaucoup ; demain ils devront passer le relais à d'autres plus jeunes qui ne les auront jamais connus qu'au travers du patrimoine mémoriel dont nous avons la charge. Le travail de mémoire doit évoluer avec le temps pour satisfaire à toutes ces exigences.

C'est dans la dialectique Mémoire-Histoire que nous devrons construire les orientations de notre action future, le volet commémoratif persistant jalonnant toujours nos agendas.

Pour ce faire, les voies sont multiples, et chacun peut avoir des outils de prédilection, mais les objectifs restent communs dans la promotion des valeurs portées par le CNR, les valeurs permanentes de la République, la liberté, la justice sociale, la solidarité, le rejet de l'intolérance, et dans le même attachement à la souveraineté du pays, dans la lutte contre le fascisme, la xénophobie, le racisme ou le bellicisme ; et le renforcement de l'association avec de nouveaux adhérents dans l'action en constitue le meilleur moyen.

C'est l'enseignement que je tire de ces trois grands rendez-vous de notre organisation en congrès.