Monsieur le député, Monsieur le Président du Conseil Général, Madame la Conseillère Générale, Mesdames et messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les responsables d'associations, Mesdames et Messieurs
Merci de votre présence nombreuse à notre invitation.
Certains sont retenus par ailleurs et nous excusons leur absence, c'est le cas de Monsieur Jacques de Chabannes, Vice-Président du Conseil général, Chargé de la Culture, du Patrimoine, et de la Mémoire, et de Raymond Saint Léger, président de l'UFAC.
Le rassemblement que vous formez aujourd'hui devant la stèle de Chapillière témoigne de votre attachement à la mémoire de la Résistance et au souvenir de ses valeureux combattants. Vous contribuez de la sorte à la réussite d'une des missions de notre association : la perpétuation du souvenir des combats de la Résistance et l'hommage au sacrifice de beaucoup de ses combattants pour la reconquête de la liberté. Certains y ont laissé la vie, d'autres en ont conservé la douleur des blessures, d'autres ont connu la prison et la déportation, beaucoup n'en sont pas revenus, et pour celles et ceux qui restent, aujourd'hui peu nombreux, la souffrance est toujours là qui ne peut s'oublier, mais aussi la fierté des défenseurs des justes causes, des valeurs qui fondaient alors leur engagement de citoyen patriote pour la reconquête de la liberté et de la démocratie.
Deux formations de la résistance sont ici associées à la fois sur la pierre et dans notre hommage : le maquis Hoche et le camp Danièle Casanova.
Le Maquis Hoche, souvent considéré comme le premier maquis de l'Allier, était directement issu des groupes armés de Montluçon organisés depuis début 1942 et grossis de nouveaux effectifs avec les requis du STO passés à la clandestinité après la manifestation du 6 janvier 43 en gare de Montluçon.
C'est en mai 43 après des semaines de contacts et de préparation des BAVAY, père et fils et de Georges GAVELLE que le camp est installé dans les bois des Champs. Le Camp HOCHE était né. Une dizaine de fusils et un fusil mitrailleur avec leurs munitions composaient le petit arsenal de la troupe. Cet armement avait été récupéré à la débâcle et caché par Fernand THEVENET à Treban avant de transiter près d'ici à Chapillière à l'abri de la cabotte d'un vieux chêne.
Pendant tout l'été les maquisards de Hoche n'ont cessé d'agir à la barbe de Vichy et de la police de Pétain. Pas moins d'une cinquantaine d'actions pour harceler l'occupant nazi et les collaborationnistes de Pétain sont reconnues : incendie des récoltes des collaborateurs et du stock de fourrage réquisitionné par les allemands, sabotage des installations électriques, etc.
Le nombre trop important d'hommes présents en Août au maquis a fini par attirer l'attention de la police de Pétain et des allemands. Suite à la dénonciation d'un assistant des Chantiers de jeunesse, le Camp est attaqué le 25 septembre par les GMR (Gardes Mobiles de Réserve) dans la forêt des Colettes où il s'était déplacé. On dénombrera 12 victimes dont les noms sont gravés sur la stèle des Champs, avec la perte des armes, des munitions et du ravitaillement. La dissolution du Camp, décidée le 30 septembre 1943, ne sera effective que fin octobre quand les combattants auront été affectés à d'autres unités et les FTP légaux qui le soutenaient affectés à d'autres missions.
Le Camp Danièle CASANOVA prendra le relais quelques mois plus tard sur les mêmes terres.
Le débarquement de juin 44 avait donné un formidable élan à la Résistance intérieure unie depuis l'action de Jean Moulin un an plus tôt pour créer le Conseil National de la Résistance. C'est ainsi que le rassemblement des forces disponibles dans la région à Moladier à l'appel de Lamarque va réunir plus de 150 combattants. La moitié de cet effectif va constituer le maquis dont l'installation passera par Bois-Plan, les bois du Château de Bost et Renaudière tout près d'ici. Outre les actions de sabotage, les embuscades, l'initiative la plus symbolique du maquis Danièle Casanova restera son périple du 14 juillet. A la fois pour célébrer la fête nationale en signe précurseur d'une victoire prochaine et pour mobiliser la population autour d'une Résistance qui s'affiche au grand jour, les maquisards ont reçu un accueil chaleureux et même enthousiaste tout au long de la journée en passant par Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Bresnay, Besson et Châtel de Neuvre avant de rejoindre Meillard en fin de journée.
Il n'en fallait pas tant pour alerter l'occupant et la police de Pétain. C'est là que vont se succéder les attaques des 16 et 18 juillet obligeant le maquis à se replier vers le nord avant de se reformer pour poursuivre la lutte armée jusqu'à la libération de Moulins et plus tard en intégrant l'armée combattant jusqu'en Allemagne pour achever leur œuvre libératrice aux côtés des alliés.
En célébrant ici la mémoire des combats et des combattants de la Résistance, nous célébrons la paix, une paix retrouvée avec la capitulation nazie le 8 mai 1945. Cette victoire était passée par le fracas des armes et le sang versé de plus de 64 millions d'enfants, de femmes et d'hommes, comme si la France d'aujourd'hui disparaissait du monde. Plus de 20 millions de vies manquaient à l'Union Soviétique, et autant à la Chine, plus d'un demi-million à la France, six millions de juifs avaient disparu… Et ce conflit allait ouvrir une nouvelle ère guerrière qui désormais allait toucher bien plus massivement les populations civiles que les forces militaires.
Certes depuis 1945, aucun conflit n'a pris l'ampleur dévastatrice de la deuxième guerre mondiale ; mais le monde n'a pour autant eu de cesse d'être secoué par trop de conflits régionaux. Guerres coloniales, affrontements indirects des grandes puissances pour la domination du monde, conflits régionaux ethniques ou religieux, velléités d'accaparement des richesses du monde au profit particulier, il n'est guère de terres et de peuples épargnés par cette violence insupportable soutenue au plus grand mépris des institutions internationales garantes de la paix et dont la victoire sur le nazisme et le fascisme avait accouché.
En honorant la mémoire des Résistants de Hoche et Casanova aujourd'hui, nous contribuons à la défense des valeurs qui les animaient tous : la liberté, le respect des droits de l'homme, la dignité, le respect du droit et de la justice. Cette lutte reste d'une brûlante actualité dès lors que se manifestent encore en héritage de la bête immonde le racisme, la xénophobie, la haine de l'autre, le refus du droit à la différence. Hier le juif, aujourd'hui le musulman, et demain ? A qui profite ce crime de la stigmatisation, de l'exclusion, de la haine et de la violence faite aux peuples ?
C'est aussi notre rôle que d'enseigner aux générations nouvelles le sens de l'histoire, les valeurs fondatrices de la Résistance pour préserver dans le même écrin la trilogie de notre devise républicaine et la déclaration universelle des droits de l'homme.
Les acteurs directs de la Résistance ne sont plus guère, le temps passe et nous les arrache chaque année plus nombreux. C'est pour cela que notre organisation constitue avec les Amis de la Résistance le nouveau contingent des passeurs de mémoire.
La commémoration reste le passage obligé et le moment privilégié du partage des valeurs nourrissant la démocratie. Mais notre action prend aujourd'hui un nouvel élan dans l'expression de ces valeurs et dans la propagation de la connaissance de l'histoire. Le recrutement d'amis de la Résistance dans les plus jeunes générations démultiplie notre capacité d'action.
Dans notre comité local de l'ANACR Meillard-Le Montet, après l'ouverture du site Internet, l'exposition "Terre de Résistance au Cœur du Bocage Bourbonnais" est la seconde pierre de notre projet mémoriel.
La réalisation de ce projet va permettre de valoriser l'ensemble des lieux de mémoire de nos communes, et surtout d'enrichir et de conserver les moments d'histoire, les événements, l'histoire des femmes et des hommes qui les ont vécus, toute la mémoire fragile qui s'échappe avec le temps, mais qui est si utile à la formation des plus jeunes générations.
D'autres productions viendront compléter l'exposition sur la base des mêmes ressources, brochure, dépliants, signalétique en place, le tout pour permettre aux visiteurs de passage de profiter au mieux du patrimoine mémoriel de la Résistance au cœur du bocage bourbonnais qui en fut un incubateur courageux à deux pas du pouvoir collaborationniste de Pétain installé à Vichy.
Au fil des panneaux de l'exposition dont vous découvrirez le « brouillon » des premiers panneaux tout à l'heure à la salle Lucienne Depresle , c'est un véritable itinéraire de Résistance qui va se dessiner à la rencontre de l'histoire, des lieux, des faits, et surtout des hommes qui l'ont faite.
Le plus important dans cette nouvelle aventure, c'est d'abord la mobilisation au sein de l'association avec une équipe forte d'une bonne dizaine de bonnes volontés où chacun apporte son savoir et sa curiosité, où le plus grand plaisir est celui du partage et de l'apprentissage.
Dans une telle entreprise, la difficulté est aussi parfois au rendez-vous avec la réticence à partager son savoir, et la connaissance exhaustive nous échappe. Mais malgré tout nous allons persévérer dans la construction d'un outil pédagogique qui ne demande qu'à s'enrichir au fil des contributions qui ne manquent pas de se présenter.
Je n'en veux pour preuve que les contacts qui nous sont venus de l'Allier comme de Paris ou du Calvados à la simple évocation de notre travail dans le compte-rendu de notre dernière assemblée générale dans la presse. Je vous encourage tous à nous rejoindre en adhérant à notre association pour y apporter votre contribution.
Pour terminer je voudrais remercier la mairie de Meillard qui met la salle Lucienne Depresle gracieusement à notre disposition aujourd'hui. Je voudrais aussi remercier très chaleureusement Monsieur Emmanuel DUFOUR, directeur de l'office des Anciens Combattants pour l'intérêt qu'il porte à notre action et son soutien matériel pour que nous puissions vous faire découvrir aujourd'hui les premiers éléments de notre exposition.
« La nature et l'histoire, malgré leur brutalité et leur férocité sont un cri d'espoir. » Jean JAURES
Dans notre mission de passeur de mémoire, avec notre parole, nos écrits, nos images, nous voulons porter l'espoir libéré de la violence.
Je vous remercie de votre attention et vous invite à rejoindre la salle Lucienne Depresle pour partager le verre de l'amitié et entendre la parole de nos invités qui voudront bien ajouter leur propos à votre intention dans un cadre plus confortable.
Notre prochain rendez-vous : commémoration de la création du CNR le 27 mai 9 h 30 au Monument aux Morts de Meillard
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