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Comme chaque année dans des communes différentes de son secteur, le comité de Meillard-Le Montet des Anciens Combattants de la Résistance ANACR invite à la commémoration de la création du Conseil National de la Résistance.

Merci Monsieur le Maire d'avoir accepté de partager avec nous ce moment du souvenir de la Résistance à Meillard.

Merci à vous toutes et tous qui vous êtes rassemblés avec nous en cette occasion.

Pourquoi cette commémoration ?

Plus de deux tiers de siècle ont passé, mais 69 ans après, la Résistance affiche toujours des valeurs d'actualité ...

Depuis longtemps notre association revendique l'instauration du 27 mai comme Journée nationale de la Résistance, en vain jusqu'à présent.

Cette demande, pas plus que l'habitude bien ancrée de notre cérémonie n'ont rien d'anodin : le 27 mai est bien emblématique de l'inscription de la Résistance dans le processus de libération de la France et de la victoire commune des alliés sur le nazisme. Ce moment clé de l'unification au sein du Conseil National de la Résistance des mouvements de Résistance Intérieure, des organisations politiques et syndicales engagées dans la lutte contre l'occupant nazi et ses alliés collaborationnistes de Pétain.

Que se passe-t-il en France occupée au printemps 1943 ?

Le 27 mai 1943, le Conseil national de la Résistance (CNR) va parachever l'unification de la Résistance intérieure.
Pour les unifier, encore fallait-il qu'ils existent. Les patriotes rompus aux luttes sociales et politiques de l'entre-deux guerres avaient construit mouvements et réseaux dans la clandestinité et sous la double menace de l'occupant et de la collaboration.

Plusieurs évènements majeurs vont influer sur l'entrée, désormais massive, de jeunes dans la Résistance.

  • Tout d'abord, l'URSS imposant le recul allemand, début 1943, l'Armée rouge inscrit la victoire des Alliés comme possible.
  • L'invasion de l'intégralité du territoire français par les troupes d'occupation, le 11 novembre 1942, puis la création de la milice, en janvier 1943, marquent une nouvelle étape de l'occupation et de la collaboration qui invite à résister plus.
  • Enfin, début 1943, l'obligation faite à toute une classe d'âge de partir en Allemagne pour offrir sa force de travail, (STO) incite les « réfractaires » à entrer dans la clandestinité et rejoindre les maquis qui se développent considérablement.
  • Le mois de mai annoncera aussi les mois tragiques des coups très durs portés à la Résistance, avec les arrestations de Raymond Aubrac, de Jean Moulin, du Général Delestraint commandant de l'Armée Secrète…

Que se passe-t-il dans le monde autour du 27 mai 1943 ?

  • Sur le front de l'Est les forces armées soviétiques progressent depuis la reddition de Stalingrad et engagent autour de Koursk une des plus grande bataille de chars de la guerre.
  • Le Ghetto de Varsovie qui a résisté du 19 avril au 19 mai à une division S.S. en infligeant des pertes importantes aux forces allemandes, est submergé.
  • Grande offensive allemande en Yougoslavie contre les forces du maréchal Tito.
  • Sur le front de l'Ouest, le mois de mai marque la fin de la bataille de l'Atlantique. Les Anglais ont réussi à couler dans le mois 43 sous-marins allemands…
  • En Afrique c'est la fin de la bataille de Tunisie, 250000 Allemands et Italiens sont fait prisonniers, l'Afrique du Nord libérée devient le point d'appui efficace de la reconquête par le sud (débarquement en Sicile…)
  • Du 19 au 23 mai à Washington, la conférence Trident qui va mettre au point l'ensemble des opérations de débarquement qui vont intervenir un an plus tard en Normandie.
  • Dans le Pacifique, les Américains ont pratiquement gagné la bataille de Guadalcanal, libéré les iles Aléoutiennes et vont avoir la possibilité d'engager les opérations contre le Japon.

De Gaulle prend en considération les mouvements de Résistance Intérieure 

C'est dans ce contexte de revirement encourageant pour la Résistance que Jean Moulin a pour mission d'en unifier les différents mouvements pour renforcer leur efficacité.

Le 27 mai 1943, Le Conseil National de la Résistance se réunissait pour la première fois, clandestinement, dans un appartement parisien, rue du Four, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle.

Il regroupait huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure, les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC, six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

Parmi ses membres figurait le jeune architecte Pierre VILLON, auteur principal du volet économique du programme du CNR. Il fut longtemps par la suite et jusque dans les années 70 député communiste de notre ancienne 3ème circonscription.

10 mois pour passer de la création du Conseil National de la Résistance à la publication de son programme.

Tout comme le CNR avait établi les fondations de la participation active et déterminante de la Résistance à la Libération et de la victoire de 1945, le programme du CNR établit celles de la reconstruction et du redressement d'une France restaurant sa démocratie républicaine.

Le programme du CNR comportait un volet militaire - un "plan d'action immédiate" - mais bien au-delà, tout un ensemble de "mesures à appliquer dès la libération du territoire". On trouve dans ce programme les grands principes qui ont été à l'origine de la construction du modèle social français, entre autre, l'idée d'une sécurité sociale, la nationalisation des grands moyens de production (énergie, ressources du sous-sol, assurances, grandes banques ...), la reconnaissance des libertés syndicales et des principes de base du droit du travail, la mise en place d'un service public d' Education Nationale bref l'affirmation d'une véritable "démocratie économique et sociale". Autant de valeurs  qui doivent plus que jamais être défendues.

 

En commémorant avec le CNR l'unification des mouvements de Résistance, il faut en rappeler les trois rôles fondamentaux :

  1. le renforcement par leur unification des mouvements de Résistance qui vont ainsi pouvoir contribuer plus efficacement à la libération du pays
  2. Par son action, le CNR a largement contribué à faire entendre la voix de la France dans le concert des nations dans la victoire pour que De Gaulle installe un pouvoir politique français indépendant avec son gouvernement provisoire contre la volonté des alliés qui voulaient installer l'AMGOT, un gouvernement militaire d'occupation, constitué par des officiers américano-britanniques.
  3. L'élaboration du programme adopté à l'unanimité le 15 mars 1944, programme  traitant de la lutte contre l'oppresseur et comportant les mesures destinées à instaurer, après la libération, un ordre social plus juste.

 

Se référant aux valeurs et aux libertés fondamentales, il appelait à l'union de toutes les forces après la Libération afin de promouvoir une véritable démocratie économique et sociale : le droit au travail, à la retraite, à la culture, aux loisirs, ainsi que la garantie du pouvoir d'achat et de l'emploi. Parmi toutes les réformes élaborées par le CNR, l'une des plus importantes concernait l'instauration d'un système de protection sociale de l'ensemble de la population. En quelques pages tout le développement de notre société d'après guerre était tracé. Nombre des grandes conquêtes sociales de notre peuple y étaient esquissées. Elles ont permis une large redistribution des richesses et ont certainement contribué à la reconstruction rapide et au formidable développement de la France.

 

Aujourd'hui, pour les citoyens épris de nos valeurs républicaines, le devoir de mémoire est aussi un devoir de vigilance

Il est de la responsabilité de chacun d'en défendre les acquis dans ce modèle original émergeant autour de quatre principes majeurs :

  Premièrement, une nouvelle génération des droits économiques et sociaux, après les " Droits de l'homme de 1789 " Le préambule de la Constitution de 1946 est fondamental en instaurant l'égalité homme/femme, le droit au travail, le droit syndical et le droit de grève, la nationalisation des monopoles de fait, la garantie de moyens d'existence convenable pour l'individu et pour les familles. Deux tiers de siècles plus tard, il reste encore tant à faire pour faire des intention de 1946 des réalités du XXIème siècle.

  • Deuxième aspect fondamental, une transition démographique avec l'accentuation de l'exode rural accompagnant la modernisation de l'agriculture et le développement de l'industrie.
  • Troisième trait, l'importance de l'Etat acteur économique pour la promotion de la croissance et du plein emploi.
  • Quatrième élément : l'industrialisation avec la concentration des entreprises, la spécialisation des activités, l'ouverture internationale.
  • Tout ceci avait donné des résultats remarquables en termes de production, puisque dès 1948 la France retrouvait la production de 38, et en 1949 le niveau de 1929, conjurant ainsi en quatre ans les effets  dévastateurs de 15 années de crise et de guerre.

 

Pour tout cela, en célébrant la mémoire du Conseil National de la Résistance, nous célébrons une mémoire d'espoir.

 

Pour que ce soixante neuvième anniversaire ne soit pas celui de l'oubli ou du renoncement, le comité de Meillard-Le Montet des Anciens Combattants de la Résistance ANACR vous invite à nous rejoindre au sein de l'ANACR pour poursuivre le travail de mémoire autour des valeurs de la Résistance… en persévérant dans notre revendication pour faire que le 27 mai devienne enfin la journée nationale de la Résistance.

 

Merci de votre attention.

 

Daniel LEVIEUX - à Meillard le dimanche 27 mai 2012

 

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