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  Jean BLEVIN
Je n'avais pas encore seize ans lorsque les troupes allemandes sont entrées à Laval où j'habitais. Peu avant, je m'étais fait éconduire alors que je sollicitais d'être mobilisé pour aller me battre.

Avec quelques jeunes (mes copains de l'équipe de foot), nous avons essayé de nuire à ces indésirables : pancartes de signalisation inversées, en ce qui me concerne, tracts tapés à la machine avec cinq ou six carbones…

Nous pensions que l'armée de PETAIN n'attendait qu'une occasion pour passer à la contre-offensive.

A 18 ans, en 1942, je réussis à arracher à ma mère l'autorisation de m'engager. C'est ainsi que le 6 octobre, je contracte un engagement de quatre ans dans l'armée de l'air pour l'Afrique du Nord. Au lieu d'Afrique du Nord, je me retrouve à la base aérienne de Châteauroux. C'est là que je commence mes classes.

Hélas, le 11 novembre, les Allemands occupent la zone dite libre sans trouver de résistance… Adieu les F.F.L !… Quelle déception !

Notre compagnie d'instruction est affectée à une unité de défense passive. Par petits groupes, nous sommes répartis dans des postes de guet. Au bout de quelques mois, on s'aperçoit que je suis sténodactylo. Je suis muté au P.C. de la compagnie de Châteauroux. C'est là que je rencontre COTAKIS, PASQUET et Jean BAZIRET. Avec ce dernier, nous cherchons en vain à prendre contact avec l'Armée Secrète ou à trouver une filière pour quitter l'hexagone. A noter qu'il y avait deux Juifs au P.C. de la compagnie. Nous le savions tous et ils n'ont eu aucun ennui (ceci fait ressortir l'état d'esprit de notre formation). Plus tard, le P.C. de la compagnie est transféré à Guéret.

Le 6 juin, le maquis investit Guéret. Les élèves G.M.R. passent dans la résistance avec leurs armes. Nous voulons faire de même bien que nous ne possédions qu'un revolver et deux fusils de chasse qui nous ont été proposés… Notre capitaine nous fait regagner notre cantonnement.

Avec trois camarades, LE BEVREAU, TITIN et TUBIERES nous volons la traction-avant de la compagnie et des vivres en espérant trouver un maquis mais nous n'en avons pas le temps car nous sommes récupérés par un jeune sous-lieutenant qui nous ramène à la compagnie.

Quelques jours plus tard, je reprends contact avec Jean BAZIRET qui, ayant rejoint VILLECHENON, me fait accepter par ce dernier. Il me faut attendre le feu vert (un parachutage d'armes) pour le rejoindre ce qui est fait après l'affaire de Villars. Je rejoins Cérilly, j'ai rendez-vous dans un bar tenu par les parents de Gisèle, la fiancée de PASQUET. BAZIRET vient me chercher et je me retrouve à la ferme de « Fretière ». VILLECHENON me reproche de n'avoir emmené aucun autre déserteur avec moi.

Le 5 août, avec la 2ème section commandée par le lieutenant BALLAND, je rejoins la ferme de Bouillole. Aussitôt arrivé, ce dernier nous fait repérer nos emplacements de combat et de repli pour le cas où… Il nous fait faire du maniement d'armes.

Le commandant des guérilleros espagnols vient nous rendre visite. Il nous demande de ne pas risquer délibérément notre vie car après la libération, il y aura d'autres combats à mener. Je suis l'adjoint de Jean BAZIRET qui commande le 3ème groupe, les deux autres étant sous la responsabilité de BOBIER et de WIKA.

Dans la nuit du 7 au 8 août, sous les ordres de Nancy WAKE, je participe avec le groupe Bobier à la réception d'un parachutage et de deux officiers canadiens. Nous sommes rentrés respectivement à Bouillole et dans la forêt de Civrais.

Vers 8 heures, les Allemands nous ont attaqués.

Je rejoins le poste que BAZIRET m'a désigné. Après le repli des allemands, le maquis déménage pour s'installer dans la forêt de Tronçais, près d'un étang. Nous sommes logés sous des toiles de parachute tendues. Je participe depuis Tronçais à quelques actions : récupérations d'essence de la mine de Saint Hilaire et quelques autres embuscades.

Le 20 août, nous partons pour Montluçon. En retrait au début, nous prenons ensuite position au niveau du pont de chemin de fer, face à l'avenue où se trouve la caserne Richemont. Ce lieu s'appelle « les Fours à Chaux ». Les Espagnols auraient occupé cet emplacement avant nous.

Je suis resté un bon moment sur le pont avec le FM, le ventre sur les rails. BAZIRET est sous le pont et sert un canon. Il y a des échanges de tir avec la caserne. Je prends deux éclats qui m'encadrent l'œil droit. Je suis remplacé le temps que cela cesse de saigner. Il faut également noter qu'il y a eu un violent orage qui m'a trempé jusqu'aux os.

Le 25 août, la garnison assiégée réussit à rompre l'encerclement et se dirige sur Moulins. Quelques jours plus tard, PASQUET, BAZIRET et moi sommes instruits par des officiers alliés dans un château des environs sur la façon de miner un ensemble stratégique, d'investir un poste occupé par l'ennemi, etc… Un matin, au réveil, plus d'instructeur, ils étaient partis sans tambour ni trompette.

Dans la nuit du 7 au 8 septembre, je participe vers Sancoins avec la compagnie Vincent commandée par le capitaine de chasseurs alpins ZAHM, à une embuscade contre une colonne allemande qui remonte vers le nord.

Plus tard, la compagnie Vincent est regroupée à la caserne Taguin à Moulins. Le 18 octobre, je me fais démobiliser pour tenter de retrouver mon père, disparu lors de l'avance alliée. Je rejoins la base F.F.I. de Montluçon puis la base F.F.I. d'Aulnat près de Clermont-Ferrand, étant sous contrat avec l'armée de l'air jusqu'en octobre 1946. Porté déserteur, j'étais recherché par la gendarmerie de Laval (Mayenne).(3)

 

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