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   Robert FALLUT

Je suis né le 8 septembre 1920, à Buxières-les-Mines, mes parents étaient métayers. Grâce à une bourse, j'ai pu poursuivre mes études jusqu'au brevet.

Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 8 décembre 1939, j'obtiens mon brevet de pilote militaire et poursuis ma formation à l'école d'Istres. Avec cette école, je suis replié sur l'Algérie et rejoins la base de Tafaraoui en mai 1940. L'Armistice étant signée, la majorité des élèves pilotes rentrent en France au mois d'août. Je retarde mon retour n'ayant pas confiance dans le gouvernement de PETA1N-LAVAL. Mon père m'avait toujours présenté PETAIN comme le responsable des fusillés pour l'exemple de la Grande Guerre. LAVAL m'avait empêché de poursuivre mes études en me supprimant ma bourse.

Au mois de mars 1941, devant la menace de devoir rejoindre l'infanterie dans l'armée d'armistice, je me fais démobiliser à Blida et reviens chez mes parent, à Ygrande, à la ferme du Sorbier.

Contacté par Emile PARNIERE  et Marcel Lartigaut  ils vont me faire faire mes premiers pas dans la Résistance, en me faisant distribuer de la presse clandestine et des tracts.

En 1943, je suis mis en rapport avec André LECOURT, responsable départemental des jeunesses communistes et des jeunes du Front National. Je vais  former mon triangle  avec Marc SAINT DENIS et Louis FLINE. . Organiser la distribution de la presse clandestine des tracts encourager les jeunes appelés au S.T.O à ne pas partir. Cela nécessite la recherche de planques, nombre de ces réfractaires deviendront, par la suite, des maquisards légaux. André me confie aussi l'organisation des jeunes dans les communes environnantes.

Suite à l'arrestations de Roger FORT dans le secteur de Lafeline, avec lequel je suis en rapport, je dois, par mesure de sécurité, quitter Ygrande. J'accepte le poste de permanent à la direction des F.U.J.P  de la Loire et de la Haute-Loire.

Repéré, je suis arrêté par la police le 7 avril 1944, à Saint-Etienne, j'étais porteur d'une valise dont j'ignore le contenu et que je devais remettre à André LECOURT. Interrogatoire au commissariat, puis transfert à la maison d'arrêt de Saint-Etienne. Là, je suis mis au secret, cette situation va durer jusqu'au moment où la prison est évacuée vers celle de Saint-Paul, à Lyon. Pour cette évacuation, attachés par 3 avec des menottes nous allons descendre la longue avenue entre la prison et la gare entre des ragées de GMR, Arrivée à la prison,changement de décor 6 dans une cellule,. il y avait parmi nous 3 jeunes maquisards venus réveillonner chez les parents de l'un d'eux; ils sont dénoncés et arrêtés. L'un d'eux trouvera la mort en Allemagne, le second mourra à son retour sur le sol français et le troisième trois ans après.

Puis, le 29 juin, nous sommes réunis dans la cour de la prison, bâtiment par bâtiment, sous l'escorte des gardiens français qui procèdent à la levée d'écrou et nous rendent ce que nous avions sur nous lors de notre entrée en prison. A partir de là, nous allons faire connaissance des allemands. Transportés par camions à la gare de marchandises, nous allons nous entasser à dix par compartiment, dans des wagons de voyageurs. Ce voyage qui n'a rien de comparable avec d'autres transports, nous le devons aux cheminots lyonnais. Les soldats circulent dans le couloir. Pendant toute la durée du trajet, je vais surtout souffrir de la soif.

A l'arrivée à Dachau, au lever du jour, nous sommes projetés dans un autre monde: les coups, les cris des kapos et des SS, les aboiements des chiens, puis l'entrée dans le camp en colonnes par cinq, la perte de mon nom pour le numéro 76076. Tondu, habillé de «vêtements» qui ont déjà servi, avec aux pieds, des claquettes. Nous ne rejoindrons le block 19 que le soir. Là, je vais connaître l'entassement, lits à 3 étages, 3 déportés sur 70 cm, et dans la cour où nous ne pouvons pas tous nous asseoir, la faim, les coups. C'est dans la cour que je retrouve Henri PONTET.

Au bout d'un mois, habillés en rayé, je pars en kommando pour Kempten. Arrivés à 15 km du camp, les Anglais bombardent la ville, nous passons notre première nuit aux Casernes (ces casernes servent d'entrepôt de nourriture pour l'armée). Le lendemain, nous rejoignons le camp, et nous sommes logés dans l'écurie d'un cirque, avec un plafond très haut, pour abriter des girafes.

Une partie des déportés est employée à l'usine, les autres sont affectés à des kommandos, dits de « Terrasse ». Je suis de ces derniers, et vais travailler à l'extérieur, par tous les temps, sauf pendant les mois de janvier et février où le gel empêche les travaux au dehors. Mon travail consiste principalement à réparer les dégâts causés par les bombardements.

Sans parler de la faim, de la pluie et du froid, je reçois de nombreux coups. L'un d'eux, dont je n'ai aucun souvenir va me conduire à l'infirmerie où je vais reprendre connaissance, mais non sans en garder des séquelles.

A la sortie de l'infirmerie, je suis affecté à un kommando plus dur, celui dit «des Casernes »dont le kapo appelé « le Négus », arrêté en 33 (il porte un numéro à 3 chiffres) ne sait que cogner. Nous devons effectuer, matin et soir, 3 km pour nous rendre sur le lieu du travail. C'est là que le 16 avril nous sommes pris sous un bombardement: les S.S. à la 2ème alerte nous amènent à l'extérieur, et nous font coucher sur le remblai d'un chemin qui descend à l'Ill, en bordure d'une prairie. Ils se sont installés sur l'autre versant et tirent, de temps en temps, des rafales de mitraillettes pour nous empêcher de bouger. Vers 16 heures, une première vague d'une quinzaine de bombardiers, volant à haute altitude lâche ses bombes sur les casernes. Les S.S. nous empêchent de bouger, une nouvelle vague de bombardiers attaque à basse altitude, un chapelet tombe près de nous dans la prairie, faisant des morts et des blessés, déclenchant une fuite vers la rivière des S.S. et des déportés. Le bombardement va se poursuivre jusqu'à la nuit, la dernière vague arrose les casernes de bombes incendiaires. Nous avons 6 morts et de nombreux blessés. A la fin de l'alerte, nous reprenons avec les blessés, sans kapo ni S.S. et par petits groupes, le chemin du camp.

Fin avril, les alertes se succèdent, un train de munitions stationne sur la voie de chemin de fer, séparé de notre logement par la largeur de la route, il est mitraillé, les munitions explosent. Alors s'ouvre une grande période d'indécision: partira, partira pas ? Enfin, ceux qui peuvent marcher prennent la route en direction de l'Autriche. J'en fais partie et, de plus, avec cinq autres camarades, nous devons tirer une remorque dans laquelle des S.S. ont mis leurs affaires et nous sommes surveillés par le S.S. au chien.

 Lorsque nous franchissons le pont sur l'Ill, nous voyons qu'il est gardé par les jeunes, de 16 à 18 ans, armés de fusils pour arrêter les chars américains. Après une nuit passée dans une prairie humide nous reprenons la route où nous  assistons à un des derniers combats aériens. La débâcle se précise, les voitures, de plus en plus nombreuses et lourdement chargées, nous doublent et de colonne par cinq nous sommes mis en colonne par trois pour laisser s'écouler le flot des véhicules, nous entendons la canonnade, les S.S. sont de plus en plus inquiets. Comme le soir approche, le S.S. au chien sort son revolver et tue son chien, un beau chien noir. Pour les S.S., c'est le signal du départ et ils nous abandonnent. Nous allons quitter la route, descendre jusqu'au ruisseau, remonter sur l'autre versant et nous abriter dans un petit bois. Avant de partir j'ai fait main basse sur le paquet d'un S.S., il contenait un pain et des conserves : nourriture à laquelle nous faisons un sort, sans ouvre-boîte.

Je rejoins Strasbourg  dans un camion de la 1ère Armée ; après un passage dans un centre de tri je reprends le train pour Paris, je suis surpris de voir que, les wagons de voyageurs de ce tain sont occupés par des civils qui sont, certainement des travailleurs volontaires, tandis qu'avec mes camarades je ferais le voyage dans des  wagons à bestiaux, ce qui n'est pas fait pour me remonter  .

En 1946, alors que je vais d'hôpital en maison de repos, souffrant de maux de tête, je perds ma mère, puis mon frère, de 2 ans mon cadet, ces deux disparitions joints à un état de santé déficient, ne créent pas de bonnes conditions à ma réinsertion dans la vie civile.

Malgré les soins qui me sont prodigués, mon état de santé va s'aggravant. En 1966, je suis victime de pertes de connaissance de plus en plus fréquentes et en 1967, suite à des examens très poussés à l'Hôpital de la Salpetrière, une importante opération du cerveau est décidée. Elle réussit et me permet de retrouver une vie presque normale auprès de ma famille et de mes anciens compagnons de souffrance, au sein de la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes.

 

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