Jacqueline est née le 13 février 1928 à Limeil-Brévanne (Val de Marne).
Elle entre dans la résistance dès la fin de sa scolarité.
Dès 1943, se présentent chez ses parents des inconnus demandant invariablement « Est-ce que le ciment est arrivé ? ». C'est le mot de passe pour contacter André HUGOTTE, son père qui était maçon de son état.
Plusieurs ont un fort accent méridional, sa mère, originaire du Gard, les présente comme des cousins.
Elle réalise que ce ne sont pas des cousins et reproche à son père, son manque de confiance.
Elle n'a pas quinze ans et malgré la réticence de ses parents, elle obtient des missions.
Tout d'abord elle court les pharmacies de Bourbon l'Archambault et de Cérilly pour chercher les médicaments pouvant être obtenus sans ordonnance et qui sont nécessaires pour soigner les nombreuses personnes de passage à la maison (filière M.O.I.).
Ensuite, ses parents lui confient des messages qu'elle doit porter à des « boîtes aux lettres » de la région…
Son sérieux et ses qualités de cycliste infatigable en font rapidement un agent sûr que Jean DAGOURET (Capitaine “Gaby” qui commande le 201e bataillon F.T.P.) choisit, malgré son jeune âge, parmi trois jeunes filles, pour en faire son agent de liaison.
Elle assure les liaisons entre le maquis 14 Juillet et les états-majors de la résistance à Montluçon, Villefranche d'Allier, Buxières les Mines et plus rarement avec La Madeleine. Elle achemine vers le camp 14 Juillet, les résistants préalablement filtrés par son père.
Elle y accompagne de hauts responsables militaires tel DALMASIO, commandant régional des Guérilleros. Elle se souvient très bien de la toile bleue qui recouvrait la tente lors de la tenue des réunions entre les hauts responsables et de son isolement.
Elle se souvient de son voyage avec les trois camions du détachement du maquis des Quatre As venu de Creuse.
Ce jour-là, “Gaby” et son père étant absents, elle prend sur elle de les conduire au camp, car ils sont pressés de déposer les vêtements qu'ils amènent et de repartir avec les armes qu'ils sont venus chercher, et durant tout le voyage entre chez elle et le maquis, elle n'a pour toute perspective que les gros souliers du mitrailleur.
Elle effectue également des voyages épiques :
à moto avec “Gaby” ou “Fernandel”, surnom donné à un ancien pilote de l'armée républicaine espagnole ;
à Montluçon, avec Georges JACQUES, les freins de la voiture ont lâchés au début de la descente de Marmignole ;
devant rejoindre un camarade dans le quartier Saint Jacques à Montluçon, le train avait eu du retard, elle arrive à la gare de cette ville après le couvre-feu. Les deux résistants sont surpris par une patrouille allemande et doivent jouer les amoureux au passage de celle-ci.
En conduisant des maquisards de Noyant au camp, ils entendent des coups de feu. Ils l'abandonnent alors avec la voiture et les armes, sur la route, en forêt de Tronçais. Elle doit les disputer pour les emmener à destination et leur expliquer qu'il n'y a aucun danger, les Allemands ne s'aventurant pas dans la forêt.
Elle est également témoin de l'arrivée, pendant deux jours, par petits groupes en très mauvais état, chez ses parents, de maquisards du camp Danielle Casanova qui, le 16 juillet 1944, avaient été attaqués par les Allemands et le 18 par les GMR et les miliciens. Il faut les soigner, les nourrir puis les acheminer au camp 14 Juillet.
Enfin, devant absolument aller à La Madeleine (faubourg de Moulins) porter un pli, elle emprunte, sans autorisation, la moto à laquelle elle fait franchir nombre d'obstacles car ce jour-là, la route est coupée par des arbres abattus.
Mais ce jour-là, elle n'a pas de félicitations à son retour.
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