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     Un jeune cussétois de 21 ans, Lucien FROBERT, rejoint, le 20 janvier 1943, Bechemore, dans les Bois Noirs. Un lieu encaissé et isolé, entre Lavoine et La Guillermie, un maquis crée quelques jours plus tôt, par son frère Henri, Pierre Boubet, René Gonnat, Raymond Pornin, Edmond Planche, placé sous l'égide de Roger Kespy, qui multipliait ceux-ci en Montagne Bourbonnaise.  

     Accueilli, nourri de la "meilleure tourte de pain de la région", et hébergé,  au "village" Les Fonds-Chaudes, à La Guillermie, Lucien Frobert, éreinté, dort pendant deux jours  dans la maison des sœurs Affaire, après les 250 km parcourus à pied suite à sa fugue des chantiers de jeunesse de Mézières-en-Brenne, dans l'Indre, avant de rejoindre, par le sentier au-dessus, les deux baraques de Bechemore mises à disposition par son propriétaire, Gaspard Affaire, un ami de la famille Frobert, pour se... battre.


Quinze maquisards ravitaillés par de "braves gens" !

     L'arrivée depuis Châtel Montagne d'un "groupe Franc", à la demande de Kespy, gonfla l'effectif, qui passa à une quinzaine de gars. Le sergent Camille Roux, pilote dans l'aviation,  devint le chef de ces jeunes hommes qui avaient entre 21 et 23 ans. Roux rejoignait Ferrières/Sichon pour aller chercher ses instructions chez François Riboulet. De retour, il ne disait pas grand chose des décisions prises. La prudence était de mise. Ainsi, il a fait passer Bieger, un aviateur américain, hébergé pendant trois mois, au camp, pour un sourd muet. Les maquisards de Bechemore étaient divisés en deux groupes, peu au fait de ce que faisaient les uns et les autres. Le groupe combat, issu du maquis de Châtel (Georges Weiss, Camille Roux, Raymond Moncorgé...), menait des actions : il volait du tabac, de l'essence, des blousons en cuir dans les chantiers de jeunesse de la Loire, faisait sauter des rails de chemin de fer vers Saint-Martin-d'Estréaux. Quant au groupe maquis, composé des deux Frobert, il s'occupait de l'intendance avec l'aide des paysans, véritables soutien : la famille Chaunier de Bonnaventure donnait du beurre, du lard ; Claude Mondière ravitaillait en farine ; Henri et Lucien Frobert participaient aux moissons au Soulier, piochaient les pommes de terre chez Couperier à la Guillermie... Les repas étaient préparés dans la seule et unique gamelle servant aussi à laver le linge teinté de bleu marine. Thérèse Frobert, la maman, montait, une fois par mois depuis Cusset, en vélo (40 km), pour apporter les nouvelles et quelques vêtements...


Un  maquis "Attentiste"

     L'encadrement demeurait faible, il n'y avait que quelques mitraillettes, un peu de plastic... parachutés en avril 1943, à Cindré et sur Nizerolles. Les 11-43 américains à six coups paraissaient formidables, de même que la mitraillette Thompson. Quant aux Sten anglaises, c'était de vraies "vacheries" qui s'enrayaient. En fait, l'entraînement militaire était rare. Et les bavures existaient : Couraudon, surnommé "Cacolet" est ainsi mort d'une balle d'un fusil chargé tombé par terre. Les conditions de vie étaient également difficiles. L'hiver 1943 fut très rude : la neige est tombée du 10 novembre jusqu'à la fin avril 1944. L'occupation principale était donc de faire du bois, les paysans coupaient les arbres, les maquisards les sciaient au passe-partout. C'était des nuits froides sur la paillasse, parfois agrémentées de rires, de parties de belote, où,  pour se redonner le moral, de petits remontant, pris en cachette, malgré la trouille, chez Jean "Lirot". 


15 novembre 1943 - L'attaque du camp de Bechemore

     Les Allemands et les miliciens lancèrent une opération contre les résistants et ratissèrent la région entre Ferrières-sur-Sichon, Lavoine et La Guillermie. Cinquante-cinq GMR venus de Clermont-Ferrand, avec le commissaire Trotta, attaquèrent Bechemore, dans 40 cm de neige, le 15 novembre 1943. Et si Bechemore le fut, c'est qu'il a été dénoncé ! Roux ayant été arrêté le 13 novembre 1943, André Dessausse, l'adjoint de Roger Kespy, a réussi à prévenir le maquis de l'attaque. Le groupe a ainsi pu se disperser sans dommage. Lavoine fut encerclé et son maire, Claude Vallas, déporté. Le maquis de Bechemore s'est tout de même reformé à... Bechemore, pour rejoindre, au mois de juillet 1944, le groupe Didier du Commandant Privat, au col de La Plantade, lassé qu'il était d'être abandonné à lui-même et de ne rien faire.