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Le 1er juillet 1940, le gouvernement dirigé par le  maréchal Pétain s'installe à Vichy, qui devient la capitale de la zone dite "libre". Ministères et services annexes prennent possession des nombreux hôtels et villas, abritant désormais une activité politique et administrative intense. Mais au coeur même du pouvoir, des hommes et des femmes préparent la libération de la France et le retour à la République.

 

Le GCR, un atout pour pour la Résistance.

    Le GCR (Groupement des Contrôles radioélectriques) est fondé dès le lendemain de l'armistice de juin 1940 en vue de la reprise du combat contre l'envahisseur. Il comptera jusqu'à 400 membres répartis en métropole, militaires des Transmissions et spécialistes des écoutes radio. C'est au château des Cours (en médaillon) , à Hauterive, que siège le Centre d'écoutes principal, dirigé par le capitaine puis commandant Gabriel ROMON. Le GCR est officiellement chargé d'écouter les émissions radio, militaires et civiles, nationales et internationales, pour les différents départements ministériels du gouvernement de Pétain. Mais, officieusement, il s'agit bien de de sauvegarder le potentiel d'écoutes radio de l'Armée française en vue de la reprise des hostilités contre l'envahisseur.

   Très vite, sous l'impulsion de Paul LABAT et de Gabriel ROMON, le GCR mettra le matériel et les compétences d'écoute radio dont il dispose au service de la Résistance et des Forces alliées. Il mènera en particulier les actions suivantes, déterminantes pour la libération de notre pays  : suivi des émissions radio clandestines à destination des Alliés pour prévenir les Résistants d'un éventuel repérage par la radiogoniométrie de la police allemande ;  les observations faites par le GCR transmises à Londres, seront à l'origine de l'amélioration, par les autorités alliées, des procédures de sécurisation des émissions clandestines ; interception des messages militaires allemands sratégiques et collecte d'informations sur les forces d'occupation, notamment l'identification et la localisation des réseaux de transmission de la Wermacht et de la Gestapo ; transmission au groupe clandestin de décryptage "PC Cadix" de messages allemands interceptés et cryptés "Enigma"; constitution de dépôts clandestins de matériel de transmission militaire.

Opérateurs des transmissions dans les combles du château des Cours

 Le résultat de ces écoutes est transmis en particulier au Bureau Central de Renseignement et d'Action de la France Libre, et au MI6 de l'Intelligence Service à Londres.

 

Des difficultés accrues.

    L'invasion de la zone libre en novembre 1942 et la dissolution de l'armée d'armistice supprime de fait la couverture des activités du GCR par l'Etat-major, les unités de transmission étant elles-mêmes dissoutes. Le GCR est cependant maintenu, mais sa mission est réduite aux écoutes de presse et aux écoutes commerciales. Paul LABAT et Gabriel ROMON sont mutés à la Direction des PTT à Paris, où ils intensifient leurs actions de résistance au sein des réseaux Noyautage de l'Administration Publique ( NAP) et Alliance.Plusieurs agents restés au GCR d'Hauterive communiquent secrètement avec leurs anciens collègues passés dans la clandestinité les informations qu'ils ont collectées et que ceux-ci transmettront aux commandements de la Résistance et des Force alliées. Mais la Milice créée en janvier 1943 renforce la surveillance du GCR, et la Gestapo lui mène une traque sans merci.

 

 Le lourd tribut du GCR à la lutte pour le Libération.

    En 1943, la répression nazie s'intensifie, épaulée par les miliciens. Plusieurs membres du GCR passés dans la clandestinité sont arrêtés. Le 12 décembre 1943, la Gestapo vient frapper à la porte du domicile de Gabriel ROMON, 86,route de Thiers à Saint-Yorre. Il s'y trouve effectivement, venu de Paris passer le dimanche en famille. Les gestapistes l'emmènent. Enfermé de prison en prison, il sera finalement fusillé à Heilbron le 21 août 1944. Au total ce sont 20 agents du GCR et du STN (Service des Transmissions Nationales) qui auront trouvé la mort dans la Résistance. L'histoire terrible et exemplaire du GCR nous rappelle qu'il y a eu dans notre pays d'autres résistances aux nazis que celles de la France Libre et des FTP. Qu'il s'est trouvé notamment des soldats de l'Armée française battue et des opérateurs radio civils qui n'ont pas cessé une minute de préparer la libération de la Patrie. Ils ont résisté dès le premier jour de l'Occupation, là où ils se trouvaient, avec les moyens qu'ils ont pu se procurer. Dans son bureau de directeur du centre d'Hauterive, Gabriel ROMON avait affiché ce vers d'Edmond Rostand: "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière." 

Le 14 août 1944, vers une heure du matin, deux Hauterivois, Antoine Fullin et Célestin Chino, creusent leur tombe avant d'être fusillés dans le jardin situé près de la source du Hammam. Tous deux faisaient la liaison avec un groupe FTP de Saint-Yorre. Ils transmettaient des renseignements concernant tous les mouvements et toutes les informations qu'ils pouvaient recueillir à la base aérienne de Varennes sur Allier. De 

plus, Célestin Chino devait camoufler dans sa cave un stock d'armes destinées à alimenter certains maquis de la région. Antoine Fullin, dit "Toni", est arrêté à son domicile vers 23h30, par des deux Allemands accompagnés d'un Hauterivois, qui le conduisent à la Gestapo de Vichy où il est torturé. Plus tard dans la nuit, les maisons situées près de la source du Hammam sont encerclées par des voitures allemandes. Chino est alors conduit avec Toni dans son jardin. Il parvient à frapper un Allemand avec la pelle qui devait servir à creuser sa propre tombe, le tuant ou le blessant grièvement. Tous les deux sont exécutés après avoir été torturés. Au matin de ce 14 août, les voisins consternés découvrent les deux cadavres mutilés. Le lendemain, la population d'Hauterive et des communes environnantes assistait, recueillie, aux obsèques de ces deux martyrs. En mai 1945, était inaugurée la stèle élevée à l'emplacement même de leur assassinat par MM. Payant et  Guillaumin.

La Stèle des fusillés, à l'entrée du parc

 

Auguste DOUARRE, martyr de la Résistance.

    Instituteur à la retraite, Auguste Douarre choisit de s'installer à Cusset avec son épouse en 1938. Monsieur Pierre Barathon, instituteur et secrétaire de mairie d'Hauterive étant mobilisé en 1939, Auguste Douarre le remplace dans ces deux fonctions. Proche des milieux résistants, il délivre de faux papiers à deux Alsaciens travaillant au GCR, Oscar Hosch et Joseph Singer. Il procure aussi des cartes d'alimentation à des réfractaires au STO. Le 22 février 1944, il est arrêté à la mairie d'Hauterive par la Gestapo, transféré à Vichy, puis à la "mal Coiffée", il est interné à Compiègne avant de partir en déportation à Büchenwald, Dora et Ravensbrück, où il décéde le 25 avril 1945. Une plaque à l'entrée de la mairie d'Hauterive rappelle le sacrifice de ce défenseur de la Liberté.