M. Lucien GUYOT, un ancien instituteur Résistant de St Gérand le Puy est venu au CDI du collège Jean de La Fontaine pour rencontrer les élèves du club mémoires (Juin 2017). Il a été assailli de questions et du haut de ses 93 ans, il a, une nouvelle fois, fait front avec une grande gentillesse et avec beaucoup d'humour.
Les élèves ont été impressionnés par le peu de choses que les gens de l'époque avaient à manger. Les restrictions étaient terribles !
Robin, muni de sa caméra, a filmé l'interview. Des extraits seront incorporés dans la fiction documentaire que réalisera le club mémoire à partir de la rentrée prochaine.
Interview de Lucien GUYOT, Mai 2017 :
" Je suis né en 1924 à St Gérand-Le-Puy et au moment de la guerre en 1939,il n'y avait pas l'eau courante, pas de téléphone, pas de voiture, il faut se déplacer à pied ou en vélo, pas de lave-linge - il fallait utiliser la brouette pour aller le rincer. La France vaincue, une ligne la coupe et l'Allier avec en deux zones, c'est ce qu'on appelle la ligne de démarcation. Pour aller au lycée, à Montluçon, je devais apporter des draps des serviettes.. .mais nous habitions à 6 km de la gare : comment faire pour transporter ma grosse malle si lourde ? C'est un voisin qui m'a prêté son ânesse à condition que je ne la fasse pas courir. De cette époque, je me souviens bien : j'ai eu froid et faim ! Les privations étaient importantes, l'alimentation était contingentée par des tickets de rationnement pour avoir droit à 100 grammes de pain, de beurre, de viande... Peu de nourriture arrivait depuis l'étranger car les anglais bloquaient les côtes. Il n'y avait plus de coton
Pourquoi me suis-je engagé ans la Résistance ? On souffrait de restrictions et puis la complicité entre le gouvernement français de Pétain et l'Allemagne d'Hitler devenait insupportable ! Je voulais libérer mon pays. Les maquis accueillaient les jeunes qui refusaient de partir pour l'Allemagne et les paysans ont joué un rôle capital : ils hébergeaient les gens cachés, ils risquaient leurs vies pour cela, l'existence de leurs fermes... "
Lucien GUYOT au CDI Jean de La Fontaine pour évoquer SA vie de résistant.
"Surtout, ne vous désintéressez pas de la chose publique !
Mardi 10 octobre 2017, deux Résistants, de 94 ans - André CRETIER et Lucien GUYOT (ils sont nés en 1924) - ont rencontré les trois classes de 3ème du collège Jean de La Fontaine, de Saint-Germain-des-Fossés, par le biais du club "Mémoires" de l'établissement, pour raconter leur engagement (différent) et leurs actions au sein de la Résistance.
* M. Crétier, dès septembre 1940, dans la région parisienne puis en Haute-Savoie, était agent de liaison. Il passait des tracts qu'il fabriquait clandestinement la nuit dans des imprimeries, collait des affiches...
* M. Guyot d'abord à St Gérand-le-Puy (1943) puis il s'est ensuite engagé, comme artilleur, dans la 1ère Armée partie se battre en Alsace et en Allemagne.
Tous deux étaient très jeunes : 16 et 18 ans.
Une magnifique après-midi instructive passée en compagnie de deux belles personnalités au message pacifique plein d'espoir ! "On a fait ce que nous devions faire !" a répété André Crétier.
Henri DIOT de l'ANACR, ancien professeur d'Histoire-Géographie à Varennes sur Allier, a replacé dans le contexte de l'époque - La Guerre et la France en 1939, en 1940... - les propos et les actions des deux résistants invités pour que les élèves puissent comprendre de quoi il s'agissait. Puis, André Crétier et Lucien Guyot ont raconté leurs parcours tout en répondant aux questions des élèves.
Avant de partir, les deux hommes ont voulu adresser un message fort aux élèves comme celui d'être vigilants et de refuser l'inacceptable : la liberté n'étant jamais acquise, Lucien Guyot a insisté sur le fait de ne pas se désintéresser de la chose publique - la politique, au vote des lois qui régissent notre pays ! "Surtout ne restez pas indifférents, n'attendez pas que quelqu'un fasse ou décide à votre place, cela pourrait être dangereux !" a-t-il répété.
André CRETIER, éléments de biographie :
Né à Chavroches, dans l'Allier, le 23 février 1924, André Crétier a passé une grande partie de sa vie à Sevran, dans la région parisienne.
La guerre le pousse à l'exode avec sa famille, et interrompt sa formation de typographe. De retour à Sevran, il intègre un réseau de Résistance, l'Organisation Spéciale, et se charge de transporter et distribuer des tracts et la presse clandestine. En septembre 1942, il rejoint Libé-Nord, sous les ordres de son père Auguste. Le STO l'oblige à partir se cacher en Haute-Savoie une première fois, puis à intégrer une association chargée d'évacuer les blessés et les morts après les bombardements en région parisienne. il continue d'agir au sein de la Résistance dans les FTP et participe notamment aux combats de la libération de la région parisienne. C'est au cours de ces combats, le 27 août 1944, qu'il a la douleur de voir, à ses côtés, son père Auguste mortellement touché par une balle explosive. Ancien combattant de la Grande Guerre, Auguste Crétier avait exercé de hautes responsabilités dans la Résistance, au sein du mouvement Libé-Nord. Après la guerre, André Crétier a travaillé chez Kodak jusqu'à la retraite, tout en témoignant inlassablement auprès des jeunes de son expérience de Résistant. Il est titulaire de nombreuses décorations, notamment la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance.
Ses missions :
Elles consistaient à convoyer des tracts et à les remettre à une autre personne pour les distribuer à la population, contrant ainsi la propagande du gouvernement de Pétain et des Allemands. Ces tracts étaient produits, soit à la « ronéo », soit imprimés, avec tous les risques encourus. « Le lieu habituel de livraison était la Gare du Nord. Il fallait être très vigilant, car les Allemands étaient partout, mais surtout la police française, plus discrète et redoutablement efficace. Un mot de passe était nécessaire pour établir le contact : "Avez-vous du feu ? Non, j'ai oublié mon briquet à amadou". Et le paquet de tracts était transmis en toute discrétion. »
Agent de liaison :
André Crétier portait un pistolet, mais ne s'en est jamais servi. Plusieurs camarades de son réseau ont été arrêtés et sont morts, fusillés au Mont-Valérien ou dans des camps de concentration.
En 1943, requis pour le STO, il part se réfugier en Savoie, à Annecy puis Albertville. Il regagne la région parisienne affublé d'un uniforme de pétainiste et reprend ses activités d'agent de liaison tout en travaillant dans un garage. En 1944, il est à nouveau requis pour le STO et reste caché à Sevran chez ses parents.
Il participera aux déblayages des décombres après les bombardements des alliés. En août 1944, il prend une part active à la libération de Paris, semant des crève-pneus ou retournant des panneaux indicateurs pour gêner les déplacements des Allemands. Son père a été tué à ses côtés pendant ces événements.