|
Le tribut qu'ils payèrent pour leur engagement dans la Résistance locale fut particulièrement lourd. Au sortir de l'Occupation, jouissant d'une aura considérable, les Bécaud s'installèrent à la mairie pour une décennie.
Charles Bécaud (1887-1955)
Membre du Comité de Libération de Lapalisse en août 1944
Charles Bécaud débuta sa carrière professionnelle dans la scierie Labaye à Magnet. Au tout début des années 1920 Charles Bécaud créa sa propre affaire au lieu-dit Le Châtelier, sur la commune de Saint-Prix. A peu près à la même époque, au bénéfice d'une association avec son cousin Jean-Pierre Charasse, Charles Bécaud étendit ses activités en créant un dépôt de combustibles et une entreprise de roulage, implantés quai de la Besbre, tout contre son domicile où grandirent ses six enfants.
Elu conseiller municipal en mai 1935 sur la liste radicale du maire sortant Auguste Coche, Charles Bécaud siégea au Conseil jusqu'en avril 1941, date de la révocation de tous les élus de l'opposition par arrêté préfectoral.
Très tôt, la famille Bécaud s'engagea dans la Résistance. Le destin de cette famille bascula, le 7 février 1944. Ce jour là, la Gestapo de Vichy opéra une rafle à Lapalisse dans le but de décapiter les réseaux locaux de Résistants.
Charles Bécaud et son fils cadet, Jean (né en 1916), mécanicien, furent arrêtés, emprisonnés dans un premier temps à la Mal-Coiffée de Moulins, puis, à Compiègne avant d'être déportés à Buchenwald.
Charles Bécaud y demeura jusqu'à la libération du camp en avril 1945. Durant sa captivité, il se lia d'amitié avec Marcel Paul, syndicaliste communiste qui, une fois devenu Ministre de l'Energie en 1946, rendit visite à son ancien compagnon de stalag devenu maire de Lapalisse.
Son fils, fut quant à lui transféré de Buchenwald à Floha au début de l'année 1945. Malheureusement, Jean Bécaud ne revint jamais des forêts de Saxe. Trop affaibli pour suivre la marche de la colonne des déportés évacués précipitamment de Floha, il fut en effet fusillé en avril 1945 avec 56 autres de ses compagnons dans un bois de Marienberg et enseveli dans une fosse commune.
Le 11 septembre 1944, Raymond Bécaud reçut, par arrêté préfectoral, une délégation municipale dans le but d'administrer la ville et de préparer les futures éléctions locales dès le retour des prisonniers de guerre et des déportés. La toute nouvelle administration préfectorale installa également trois adjoints représentant les grands courants de la France libérée : Claude Rousset (Socialiste), Claudius Papon (Radical-socialiste) et Antoine Guy (Communiste).
Raymond Bécaud demeura maire de Lapalisse jusqu'au 11 mai 1945, date à laquelle son père, rentré de captivité fin avril, fut élu maire de Lapalisse.
C'est un homme amaigri, affaibli et meurtri par les épreuves de la guerre qui s'installa donc à la tête d'une ville qui connut encore pendant de longs mois les restrictions portant sur les carburants, le charbon et certains produits alimentaires. Avec son éternel béret vissé sur la tête, Charles Bécaud incarnait pour tous l'homme honnête, rempli de convictions qui était revenu de l'enfer. Les premiers mois de son mandat furent placés sous le signe du retour à la concorde et du recueillement.
La municipalité de Charles Bécaud rebaptisa par exemple plusieurs rues et places de la ville afin de rendre hommage aux grands vainqueurs de la guerre et aux résistants et déportés locaux : l'avenue de la Gare devint ainsi avenue du Général de Gaulle, la rue Nationale, rue du Président-Roosevelt, la rue du Marché, rue Winston Churchill, la Place de l'Industrie, Place Staline, la rue de la Montagne, rue Gaston-Commerçon.
Par la suite, plusieurs rues du quartier de Montplaisir reçurent le nom de Lapalissois morts en déportation : rue Gilbert-James, place Jean-Berthuet, rue Marcel-Déborbes, rue Barthélémy-Guillon, rue Jean-Marie-Malbrunot. Enfin, la Place du Marché fut rebaptisée Place du Maréchal-leclerc et la rue des Ecoles, rue du Lieutenant Négrier du nom du sous-officier commandant la colonne FFi qui libéra la ville de Lapalisse en août 1944 et qui trouva la mort en 1948 en Indochine…
S. HUG http://palicia.blogspot.com/2008/02/les-becaud-charles-bcaud-1887-1955.html |