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Commémoration des maquis HOCHE et Danièle CASANOVA - Meillard

Prise de parole à la stèle de La Pièce Plate, le 15 mai 2011

Daniel LEVIEUX

 

Merci à vous toutes et tous qui perpétuez le geste de cette commémoration devant la stèle dressée là depuis plus d'un demi-siècle.

Le camp HOCHE

De Mars à Septembre 43, c'est une histoire qui parait bien courte que celle du premier maquis FTP de l'Allier… mais elle avait commencé bien avant, et se continuera bien après jusqu'au-delà de la libération pour celles et ceux dont la vie sera marquée à jamais de son empreinte…

Après le 6 janvier 43 et la manifestation en gare de Montluçon qui empêche le départ d'un train de requis du STO, le vivier des clandestins grandit pour alimenter les effectifs des premières organisations de la Résistance en maquis.

La recherche d'un lieu pour y installer un maquis, dès fin 1942, conduit les BAVAY et Georges GAVELLE chez Lucien et jusqu'ici où ils vont installer 31 francs-tireurs ; A l'époque, pour un maquisard, il faut compter au moins 2 légaux qui connaissent la région et sont toujours disponibles pour le renseignement, le guidage, le ravitaillement négocié du maquis, des aides diverse, sans pour autant savoir où sont les maquisards souvent.

Plus d'un an auparavant pendant l'hiver 1941-1942, la rencontre de Gaston PLISSONNIER et Francis MITTON de Bresnay avait débouché sur le développement du Front National dans la région. Francis MITTON et Émile PARNIERE avaient créé la Confédération Générale des Paysans Travailleurs dans l'Allier non occupée. C'est parmi les membres de ce syndicat illégal que vont se recruter la plupart des F.T.P. sédentaires ou légaux qui vont aider, le moment venu, le camp à s'installer et se structurer.

Ce premier maquis de l'Allier F.T.P. issu des éléments francs tireurs de 1942 à Montluçon a été soutenu par d'autres initiateurs de la Résistance dans l'Allier qui n'avaient pas baissé les bras face à la répression, les mineurs de Saint-Hilaire et Buxières-les-Mines.

Les actions des maquisards du Camp Hoche ont pris la forme de guérilla et de sabotages de lignes électriques, de transformateurs, de voies ferrées, de destruction de dépôts allemands, d'engagements contre la milice et l'armée d'occupation, des pavés dans les vitrines des locaux du Maréchal et de l'office allemand, des incendies des récoltes et des batteuses chez les collabos actifs, tout est bon pour harceler l'ennemi.

 

Les noms des victimes sont gravés dans la pierre de la stèle :

Disparu

BOURNET

Fusillé

Pierre KATZ

Tué en mission

PATRIARCHE

9 Morts en Déportation 

 

Louis Auguste BAVAY

55 ans

Oise

Commerçant, habitant Montluçon.
Arrêté le 8 octobre 1940, interné à Arlanc en 1940, libéré en mai 1941, suite à un jugement de non-lieu, arrêté à nouveau le 8 janvier 1942, détenu 8 jours au camp de Bignet.
Arrêté à nouveau le 8 janvier 1943, suite à la manifestation de Montluçon.
Interné au camp de Nexon. Après une tentative d'évasion, il connaîtra les prisons de Limoges et d'Eysses, puis le camp de Noé et celui de Saint Sulpice la Pointe, d'où il sera déporté à Buchenwald, le 31 juillet 1944, par le convoi n°252, matricule n°69902. Il est resté au camp, sans doute à cause de son âge.
Décédé le 24  décembre 1944 à Buchenwald

Georges Albert BEUGNON

34 ans

Région parisienne

Arrêté le 25 septembre 1943, prisons de Riom, Eysses, Compiègne, déporté le 21 mai 1944, par le convoi n°214 pour Neuengamme où il décède le 31 janvier 1945

Félix Henri COURROUX

21 ans

Cher

Arrêté le 25 septembre 1943, prisons de Riom, Eysses, camp de Compiègne
Déporté par le convoi n°229, pour Dachau, puis transféré à Flossenburg.
Décédé le 24 décembre 1945 à Flossenburg

André CALLAME

22 ans

Domérat - Allier

Appartenait au groupe Montluçon-Ville, puis au maquis Hoche, affecté le 17 août 1943 à Résistance P.T.T. Il est arrêté le 8 juillet 1944 à Montluçon avec André CHALMET et Fernand GATEAU.
Déporté le 2 juillet 1944 par le convoi n°240, parti de Compiègne le 2 juillet 1944, appelé « convoi de la mort ».
Décédés tous les trois dans le « train de la mort », entre le 2 et le 5.juillet 1944

Roger ESTORGUE

28 ans

Cher

Arrêté, emprisonné au 92ème RI à Clermont Ferrand, part de Clermont pour le Struthof, le 20 août 1944, par le convoi n°275.
Transféré au camp de Dachau, puis au Kommando d'Haslach, puis de Vaihingen où il décède le 25 mars 1945

René MARCHELIDON

20 ans

Montluçon - Allier

Arrêté le 24 où 25 février 1944, prison de Tours, transféré le 16 avril camp de Compiègne, déporté le 4 juin 1944, au camp de Neuengamme par le convoi n°223.
Transféré au camp de Sachsenhausen, puis au Kommando de Wilhelmshaven où il décède le 23 avril 1945

Marcel ZWILLING

22 ans

Moselle

Arrivé à Montluçon, le 30 août 1940, venant de Metz, ajusteur à la SAGEM depuis le 19 juin 1942.
Signalé comme élément gaulliste et propagandiste antinational par la Section d'Enquêtes et de Contrôle pour les Questions Juives.
Arrêté le 7 juillet 1943, prison d'Eysses, Compiègne, déporté à Dachau le 18 juin 1944, par le convoi n°229.
Il décède en Allemagne le 18 décembre 1944

KIENSER

 

SHAEFFER

 


Près de 70 ans après l'engagement de ceux dont les noms sont gravés ici, la mémoire doit rester vive, et je vous remercie de votre démarche aux côtés de notre association.

Je remercierai tout particulièrement Lucien et Robert que nous accompagnons ici pour ce moment de recueillement et de souvenir : deux grands acteurs témoins de la Résistance et de la déportation.

Nous sommes à leurs côtés ce matin parce que la mémoire vivante est là, entre nous. Avec d'autres qui peuplent notre souvenir et qui nous manquent, Georges GAVELLE, Robert JOYON, Henri COGNET et beaucoup d'autres ; ils ont contribué à notre formation comme nous nous devons de contribuer à la formation de celles et ceux qui seront amenés à nous succéder.

Certes, personne d'autre que les acteurs directs, Résistants ou déportés, ne peut dire la souffrance qu'ils ont vécue.

Mais la vie est là, trop courte pour ceux qui nous quittent, balbutiante pour les générations nouvelles qui vont devoir apprendre, pour peu qu'on leur en donne les moyens et qu'on leur apporte la connaissance nécessaire, à parler du nazisme, du système concentrationnaire, du génocide, du racisme, de l'antisémitisme, de la xénophobie, du droit à la différence, du respect de l'autre, de la paix plus que jamais nécessaire.

La résurgence des idéologies d'extrême droite partout en Europe sans épargner la France souligne encore plus cette exigence de mémoire vivante.

Dès lors que la pose d'une plaque commémorative dérange ceux qui préfèrent plaider la cause de quelques collabos et oser un parallèle insultant avec le martyr des résistants…

Dès lors qu'une plaque commémorative est déplacée pour qu'elle échappe plus surement au regard des passants…

Dès lors, pourquoi hésiter à commettre quelques petits gestes irrespectueux ?  Une tombe fleurie au cimetière le jour de la commémoration de la déportation, une belle potée d'azalée en pleine fleur la semaine dernière devant la stèle de Chapillière : et voilà que les fleurs disparaissent. Voilà au moins deux occasions de petits larcins sans importance diront certains… sans céder à une quelconque paranoïa, ce sont bien là malgré tout des manifestations d'irrespect intolérables.

La lutte contre les négationnistes, les falsificateurs de l'histoire et quasi quotidiennement la dénonciation de ceux qui instrumentalisent l'histoire à leur profit s'impose. C'est à vous, à nous, de nous en donner les moyens, c'est aujourd'hui notre responsabilité de relever ce défi pour exprimer la vraie fidélité à nos anciens.

 

 

Enfin, par un heureux hasard, la manifestation d'aujourd'hui croise trois Humanités.

L'Humanité d'avant-hier tout d'abord, où, sur une double page du journal, Thomas LEMAHIEU présente le rassemblement des Glières lancé en 2007. 8000 participants y sont attendus aujourd'hui par le CRHA (Citoyens Résistants d'Hier et Aujourd'hui). Il en manquera quelques-uns, puisque nous avions envisagé d'y participer; mais c'est aujourd'hui et nous sommes ici pour porter les paroles de Résistance. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent récupérer une copie de cet article que j'ai imprimé à votre intention.

Vous y lirez en particulier quelques lignes qui soulignent l'importance dans l'œuvre de Résistance du Programme du CNR conçu dans la clandestinité entre les printemps 43 et 44. Il est essentiel d'en rappeler l'ampleur qui, au-delà du volet combattant qui conduisait à la libération du joug nazi et de chape collaborationniste de Pétain, visait le plus long terme avec la reconstruction du pays, de sa démocratie républicaine avec ses volets économiques et sociaux que les réactionnaires de tout poil insupportent et détricotent encore maintenant. C'est à la lumière d'aujourd'hui que le rassemblement des Glières revisite les grands objectifs du programme du CNR. Ce que l'architecte Pierre VILLON dessinait dans ce programme en écrivant sa partie sociale et économique, c'est la protection sociale et la maîtrise publique des grands domaines de l'énergie et des transports, les voies et moyens d'une démocratie économique et sociale, tout ce qui est en train d'être mis en pièces par les chevaliers de l'argent roi. Ces Résistants-là avaient au moins le mérite de ne pas se résigner à la satisfaction du « moindre mal » dans des compromis qui nourrissent la compromission. Ils construisaient un véritable projet d'avenir pour l'humanité toute entière, un programme suffisamment utopique pour être réaliste.

C'est aussi l'humanité de deux rescapés de l'enfer d'inhumanité des camps, de Walter BASSAN, initiateur de l'événement des Glières, compagnon de déportation du second, Robert FALLUT, et comme lui militant infatigable des valeurs de la Résistance.

Pour l'avoir croisé dans l'Allier l'an dernier, je puis vous assurer qu'avec Walter comme avec Raymond AUBRAC ou Stéphane HESSEL et beaucoup d'autres, l'écriture du projet de société qu'ils préparent sera le digne héritier du programme du CNR. Nous sommes quelques dizaines aujourd'hui dans la campagne bourbonnaise à partager respectueusement la même mémoire de la Résistance que les milliers de citoyens rassemblés sur le plateau des Glières.

C'est enfin l'humanité et sa fête de septembre 2010 où j'ai trouvé l'exposition sur Guy MOCQUET et les martyrs de Châteaubriant : cette exposition a passé la semaine au Lycée de Saint Pourçain à la disposition des élèves et des enseignants qui l'ont exploitée. Vous la retrouverez cet après-midi à la salle Lucienne DEPRESLES avant qu'elle rejoigne Tronget dès demain pour les élèves du collège Charlotte DELBO.

Nous montrons ainsi que nos commémorations ne sont pas la mise au coffre du passé d'un ornement démodé et que notre association ne doit rien à la naphtaline. Pour nous, les valeurs de la Résistance sont indissociables de l'hommage rendu aujourd'hui aux Résistants d'hier ; et elles devraient inspirer l'action au quotidien de celles et ceux qui veulent rester fidèles aux engagements des Résistants et des Déportés pour une vie meilleure, une véritable démocratie, la justice sociale et la paix.

 

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