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7 septembre 2014, en voyage avec le comité local Meillard-Le Montet...
transport en covoiturage - repas tirés du sac - visites guidées (Oradour 6€, musée de la Résistance Limoges 5€) - départ Tronget 7 h, retour dans la soiréeÂ
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Découvrir Oradour...
Le 10 juin 1944, Oradour sur Glane va disparaître sous l'assaut meurtrier d'une compagnie de la division Das Reich qui remonte vers la Normandie où le débarquement allié a commencé quatre jours plus tôt.
La veille ils avaient pendu 99 otages pris à Tulle, deux jours après la libération de la ville par les Résistants...
En ce début d'après-midi estival 200 SS atteignent Oradour par la route de Limoges en début d'après-midi. Ils encerclent le village et une heure plus tard toute la population est rassemblée sur le Champ de foire au prétexte d'un contrôle d'identité.
Les hommes sont répartis en 6 groupes dans des granges du village, les femmes et les enfants sont enfermés dans l'église.
Une heure plus tard un déluge de feu sème la mort et l'incendie achèvera le crime.
642 morts, 6 survivants...
328 maisons détruites...
Aujourd'hui le Centre de la mémoire et son exposition permanente, adossé aux ruines du village martyre, contribue à l'accompagnement pédagogique d'une visite éprouvante au terme de laquelle les yeux vacillent et le pas ralentit pour qui prend conscience de sa responsabilité citoyenne dans un monde où la barbarie des hommes n'a pas encore été éradiquée, 70 ans plus tard.
Un extrait vidéo conservé à l'INA
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Un petit bout de plan pour comprendre par où on passe.
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Des images et quelques impressions d'une précédente visite (D Levieux - 2013)
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Oradour est entré dans l'histoire... Bientôt 70 ans après le martyre du 10 juin 1944 les ruines sont-elles éteintes ? La conservation du village incendié résiste parfois mal au passage du temps, à une nature ardente à la reconquête de la terre et de l'air, aux caprices du temps qui recouvre toujours d'un voile de plus en plus opaque l'éclat de la vie, les bruits, les rires, les paroles, les silences d'hier. Les bruits, les rires, les paroles, les silences d'aujourd'hui les ont remplacés ; et ce n'est déjà plus comme il y a trente et quarante ans passés. Les bruits ne sont plus les mêmes, ils disent la vie d'à côté ; les rires des enfants insouciants reviennent peupler un espace qu'ils ne savent pas encore lire... Les paroles surprennent parfois de profondeur ou d'ignorante insouciance. Le silence est moins lourd peuplé de tant de tâches bigarrées d'une foule qui déambule, curieuse et détachée à la fois. L'impression n'est plus la même. Le temps a passé. Le village n'est plus seul, mort accroché à son jumeau vivant. Il est accompagné aujourd'hui du "centre de la mémoire", une belle réussite ! L'accès au site historique en fait désormais un passage obligé, et c'est très heureux. C'est une forme de sas, d'antichambre fort utile pour passer d'un monde à l'autre, de celui des vivants d'aujourd'hui à la mémoire ce ceux d'hier. Les concepteurs, les architectes de ce projet ont su créer les conditions du meilleur accès à l'histoire. L'idée de la descente (que l'on retrouve aussi dans le colimaçon du Mémorial de Caen), convient bien à la chose dans cette profondeur qui sied au songe. L'exposition permanente et sa composition thématique mériterait d'être aussi le passage obligé. Sans surcharge excessive de lecture ou d'observation elle conduit les visiteurs du vaste espace des causes de la tragédie globale du cataclysme de la guerre à la tragédie locale du martyre d'Oradour. Les dalles lumineuses de messages dans le dernier espace obscur sont autant de petits cailloux blancs qui font retrouver le chemin de la paix, un chemin qui n'est pas pavé d'oubli, mais bien plutôt celui de la connaissance. Ce n'est qu'après ce passage pédagogiquement très réussi que les visiteurs peuvent entamer le cheminement dans le dédale des ruines. La foule des visiteurs est écartées des images que j'en retiens. La vie n'est plus dans les murs délabrés d'Oradour ; elle n'est plus dans les carcasses des voitures ni au commandes des machines torturées dans la fournaise de l'incendie. En passant l'entrée du village, c'est le respect du droit à la mémoire qui s'impose - ou qui devrait s'imposer...-. Les ruines d'Oradour ne sont pas un objet touristique comme un autre. Quand bien même la pluie aurait lessivée les cendres et délavé les murs enfumés, quand bien même l'odeur acre revenant au détour d'un matin humide il y a quelques décennies, les murs encore debout témoignent du labeur et de la vie interrompue par la rage brutale des criminels nazis et d'autres complicités. Si la conservation des ruines telle que l'avait voulue De Gaulle pour témoigner auprès des générations future est utile, c'est bien d'abord pour interroger les consciences des citoyens d'aujourd'hui. La barbarie d'hier ne saurait justifier celle d'avant hier et encore moins susciter la moindre complaisance vis-à -vis des barbares d'aujourd'hui pressés d'être les bourreaux de demain. L'histoire est écrite dans les murs d'Oradour, le long des rails du tramway, accrochée aux enseignes rouillées... Mais il est aussi important d'y associer la mémoire, ce curieux objet qui conserve si utilement la dimension humaine de la vie, le souvenir de la chair, fut-elle martyrisée, qui donne sa dimension à l'humanité qui fait société. Pour les visiteurs d'Oradour, l'histoire dont les jalons sont posés aux cimaises de l'exposition permanente du Centre de la mémoire est l'histoire commune ; aussi bien celle des visiteurs français, italiens, anglais, chinois ou allemands... Passée la porte du village martyre, la mémoire de chacun s'éveille et pousse sur le terreau de son héritage, dans un dialogue incessant avec sa propre vie, dans la génération d'émotions qui sont propres à chacune et à chacun, même si, quand des regards se croisent les fils de pensées communes peuvent se nouer. L'histoire et la mémoire sont ensemble indispensables à la construction d'une citoyenneté active dans la perspective d'un monde à laisser plus libre, plus juste et plus humain aux générations nouvelles pour qu'elles en fassent un monde de paix. Chaque jour qui passe, cette exigence est plus vive dès lors que le révisionnisme, nourri des délires négationnistes d'une extrême droite qui pollue tant de consciences trop faibles, s'affiche sans que la riposte à son arrogance mortifère soit à la mesure du risque encouru par la démocratie. La Résistance n'appartient pas qu'à l'histoire, les Résistances devraient être le plat du jour permanent au menu de toutes les actualités.
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