Mai aux Champs !

Les cérémonies de mai commémorant les maquis Hoche et Casanova se sont déroulées sous un ciel aussi frisquet que tourmenté...

La descente à la stèle de la Pièce Plate se fit cette année accompagnée de Thierry Martin-Douyat, réalisateur documentariste qui avait recueilli le témoignage de Lucien DEPRESLES fin avril, ce qui lui permit de découvrir le site d'implantation du Camp Hoche. C'était aussi au hasard de leur passage en Allier que des amis jurassiens nous ont accompagnés avec le talent de Roger pour une sonnerie Aux Morts à la trompette...

La participation aux cérémonies, tant du matin à la stèle des Champs qu'après-midi à celle de Chapillière a été faible. L'érosion de la fréquentation du rendez-vous mémoriel peut s'expliquer en partie par les conditions météo qui n'étaient guère engageantes, mais aussi par les effets du temps qui rend plus difficile la participation des plus âgés. Cependant les causes les plus évidentes sont dans la désaffection bien volontaire de celles et ceux qui oublient d'autant plus facilement de rendre hommage à la Résistance qu'ils se sont éloignés des valeurs qu'elle portait, démocratie, liberté, égalité, justice sociale, droits humains et bien public...

En mai 2013 dans les colonnes de l'HUMANITE, Robert Chambeiron évoquait déjà ce risque désormais avéré de l'enlisement des exigences citoyennes dans un marais d'individualisme, d'éloge de la concurrence, de repli communautaire et d'indifférence au bien commun.

"Aujourd'hui, les valeurs de la Résistance sont menacées. On voit resurgir de plus en plus de campagnes de dénigrement, l'apologie de Vichy, le racisme est quotidien. Cela signifie que les valeurs humanistes ne sont pas acquises pour toujours. Nous devons nous unir, lutter avec fermeté et sans concession contre les résurgences du nazisme et du racisme. Autrement dit, au volontariat que fut le nôtre, il y a soixante-dix ans, doit succéder un nouveau volontariat au service des valeurs de la Résistance. Une société est en péril lorsque le tissu social se déchire, quand la fracture s'élargit entre « le peu » qui ont trop et le « reste » qui a peu, quand la désespérance frappe une large fraction de la population. Sans justice, sans égalité, sans solidarité, la démocratie devient un mot vide de sens. La remise en cause de ce qu'on appelle les acquis de la Résistance, notamment sur le plan social, constitue un recul historique qui tend à priver de son sens véritable le combat du peuple français pour sa libération." ()

Raison de plus pour poursuivre avec persévérance le travail entrepris auprès des jeunes générations et qui contribue à la reconquète d'une citoyenneté républicaine. C'est cette satisfaction du devoir accompli que renvoient les collégiens et leurs enseignants au terme d'une journée comme celle du 14 mai dernier. Les élèves de 3ème du college Jeanne Cluzel de Montmarault ont mis leurs pieds dans les traces de Résistants du Camp Hoche. Ils ont appréhendé le sens de leur engagement, le difficulté de leur vie, les risques encourus et la mesure de leurs actions sous la menace incessante... Ils ont exercé leur curiosité et partagé avec Lucien DEPRESLES et Jeannine DUFOUR des moments d'une intensité exceptionnelle dans lesquels la connaissance se construit accompagnée de l'émotion du véritable contact humain. Cette journée d'histoire de l'avant-guerre à la Libération, ricochant sur la mémoire des Résistants du Camp Hoche leur restera, n'en doutons pas.nouvelle page

La déception de cérémonies boudées le dimanche est bien vite balayée par le régal du lendemain quand ont lit le bonheur d'apprendre dans les yeux des enfants, quand on croise leur regard plongé dans la mémoire des Résistants dans un moment du recueillement devant la stèle, quand on partage des révélations que nos anciens nous avaient cachées et qui resurgissent au tournant de la question d'un enfant, quand les enseignants voient des élèves ouverts au plaisir d'apprendre... une belle jeunesse accompagnée par les enseignants et pour le comité local de l'ANACR par Lucien DEPRESLES et Jeannine DUFOUR, Michèle FALLUT, Chantal Henry et Laurence JAY, Suzanne LEVIEUX et Michel HENRY dans la vallée du Douzenan et dans la Grange à Lucien !

nnn Daniel LEVIEUX